Pour accompagner en musique votre visite des territoires brésilien et étatsunien, je vous propose :
Tim Maia et Seu Jorge pour le Brésil :
I. Les potentialités de deux immenses territoires
Tim Maia et Seu Jorge pour le Brésil :
Les E-U et le Brésil sont les deux 1ères puissances du
continent. Ce sont deux pays au fort potentiel : deux territoires immenses
offrant d’importantes ressources naturelles. Ils
sont mis en valeur par une population nombreuse : environ 320M d’hab (3ème
mondial) pour les E-U et 200M (5ème mondial) pour le Brésil. Bien
que bénéficiant de situations assez proches, moteur de dynamiques, ces deux
pays n’ont pas la même influence à l’échelle mondiale et leurs dynamiques
territoriales divergent sensiblement. On
pourra se demander également si l’inégale maîtrise de leur territoire n’est pas
une clé de compréhension de leur inégale puissance.
I. Les potentialités de deux immenses territoires
A. L’atout géographique de deux
« Etats-continents »
Les territoires US et brésilien sont immenses
avec environ 9,6M de km² pour les E-U (3ème superficie mondiale) et environ 8,5M de km² pour le Brésil (5ème
superficie mondiale) et sont riches en ressources
naturelles. Outre les ressources énergétiques (pétrole du Texas, d’Alaska, gaz
de schiste, golfe du Mexique, charbon des Appalaches), les EU et le Brésil sont
deux immenses territoires agricoles : 370 M d’ha de terres arables et d’élevage
aux EU contre 300 M pour le Brésil sans compter les réserves d’espace
disponible grâce à la déforestation.
Comparaison à échelle identique des territoires brésilien, états-unien et français |
Ces deux territoires sont en outre bien
irrigués grâce à d’importants bassins fluviaux : Mississippi et Colorado pour
les EU et Amazone et Paranà pour le Brésil. Ces grands fleuves constituent
également une ressource importante pour l'hydroélectricité même si encore
largement sous-exploitée dans le cas brésilien. Les deux pays disposent de larges façades océaniques qui ont déterminé une conquête de leurs
territoires d’est en ouest à partir de la façade Atlantique. Les EU ont cependant
une 2e façade océanique sur l’océan Pacifique et disposent de la 1e ZEE du
monde mais le Brésil dispose quant à lui d’une frontière terrestre avec tous
les pays sud-américains à l’exception de l’Equateur et du Chili alors que les
EU n’ont que deux pays limitrophes.
B.
Des espaces agricoles très compétitifs
L’importante réserve d’espaces et
les capacités d’irrigation ont donné naissance à deux géants agricoles. Dans
les deux cas, l’agriculture du Brésil et des EU est intensive et productiviste
et se déploie sur de vastes exploitations mécanisées même si au Brésil une
agriculture vivrière et traditionnelle se maintient encore (notamment dans le
Nordeste).
La diversité des EU en termes de
milieux naturels offre de nombreuses opportunités en matière agricole : Le
Midwest et ses grandes plaines irriguées par le bassin du Mississippi pour la
production de céréales l’élevage, les Etats du sud ensoleillés pour la
production d’agrumes (Floride), coton (Cotton Belt) ou vigne et cultures maraîchères
(Californie).
Au Brésil, l’agriculture d’exportation est au coeur de la stratégie de
développement brésilien (le secteur agricole pèse 39% des exportations du
pays). Les grandes exploitations d’agrobusiness
sont surtout implantées dans le
sudeste (café, agrumes) et le Mato Grosso où la déforestation a permis de
libérer d’immenses espaces destinés à l’agriculture (le soja notamment dont le
Brésil est devenu en 40 ans le 1er producteur mondial alors qu’il n’en
produisait pas en 1970 mais aussi les agrocarburants) et l’élevage. Si la
déforestation ralentit désormais sous la pression internationale et les
revendications des peuples indigènes, l’Amazonie reste néanmoins un important
« front pionnier » (doc.13
p.239) comme l'ont montré les récents feux de forêts ravageant la forêt amazonienne.
C.
Mais deux territoires inégalement mis en valeur
Disposer de deux immenses
territoires constitue à la fois une ressource en termes de potentialités mais
aussi un défi car il s’agit de maîtriser l’immensité et tirer profit de ces
potentialités.
Transport fluvial sur le Mississippi |
Le cas des EU est celui d’un
territoire maîtrisé depuis la fin du XIXe siècle d’abord grâce au transport
ferroviaire (1ère ligne de train transcontinentale en 1869 avec le raccordement
de la Californie) et fluvial (axe Mississippi/Saint Laurent) complété au XXe
siècle par l’autoroute et le transport aérien qui permettent un maillage du
territoire complet. Le réseau de transport US s’appuie sur de nombreux nœuds de
communication et en particulier des hubs
aéroportuaires (Atlanta = 1er aéroport mondial en terme de trafic passager) ou
les nœuds ferroviaires (Saint Louis). Le territoire US est aussi ouvert sur
ses voisins grâce à deux larges interfaces terrestres. Les échanges
transfrontaliers favorisés par l’ALENA ont pu redynamiser les régions
industrielles en déclin du Nord-est (Rust
Belt) ou au contraire favoriser le développement rapide des régions
périphériques du sud-ouest pourtant arides (Phoenix en Arizona : +25% de
population en 10 ans !). Le réseau métropolitain américain est
équilibré avec de nombreuses métropoles réparties sur l’ensemble du
territoire et qui constituent pour certaines des centres de commandement
d’échelle mondiale (NY, Chicago, Los Angeles, Miami).
Transport ferroviaire aux EU |
Le territoire brésilien apparaît
en revanche moins maîtrisé. Le réseau de transport est déséquilibré avec une
bonne desserte des régions littorales plus anciennement mises en valeur alors
que l’Amazonie est beaucoup moins bien desservie. Le déplacement de la capitale
de Rio à Brasilia (ville nouvelle fondée en 1960 avait précisément pour but de rééquilibrer le pays vers le centre.
Pour autant le projet de ligne transcontinentale vers l’Océan Pacifique par le
Pérou et la Bolivie n’est toujours pas achevé plus de 40 ans après la
construction de la transamazonienne (inaugurée en 1972).
II.
Des dynamiques territoriales comparables
A. Les dynamiques de peuplement
L’histoire du peuplement des EU
et du Brésil est similaire : extermination et expropriation des
populations indigènes, recours à l’esclavage, colonisation progressive à partir
du littoral Atlantique, immigration européenne et asiatique. Les EU comme le Brésil disposent
d’une très importante population : 320 M d’hab pour les uns, 200 M pour
l’autre. Dans les deux cas, les migrations séculaires ont donné naissance à des
sociétés particulièrement métissées. Les deux pays ont reçu le plus grand
nombre d’esclaves noirs et aujourd’hui on compte environ 13 % d’Africains-américains
aux EU et 8% d’Africains-brésiliens sans oublier aussi d’importantes minorités
asiatiques ainsi que des flux migratoires intra-américains. Les EU connaissent une immigration latino-américaine forte depuis de nombreuses décennies surtout présente dans les Etats du Sud. L'immigration sud-américaine vers le Brésil s'est développée durant les années 2000 (bolivienne notamment) a depuis la dépression économique de 2011 fortement diminué.
Population noire aux EU |
"Hispaniques" dans la population des EU |
Cette histoire permet de
comprendre la répartition du peuplement dans les deux cas avec un peuplement
décroissant d’est en ouest et la présence d’immenses espaces de faible densité
à l’est (principalement en raison du milieu naturel : aridité, montagnes
pour les EU, forêt tropicale pour le Brésil) alors que les façades littorales
accueillent les grandes régions urbanisées et peuplées.Dans
le cas US, la deuxième façade océanique explique cependant la présence d’un
deuxième foyer de peuplement à l’ouest (Californie, Washington state) qui s’est
surtout développé à la fin du XIXe siècle (gold rush, train) et au XXe siècle
(Grande dépression des années 1930, héliotropisme depuis les années 1950).
Dans les deux cas, on
note l’importance des façades maritimes qui restent encore aujourd’hui le cœur
économique des deux pays et des interfaces entre le territoire national et
l’espace mondial. Le Sudeste brésilien produit 60% de la richesse du pays et
abrite les trois premières villes du pays : Sao Paulo (capitale
économique), Rio de Janeiro (capitale culturelle et 1er pôle touristique) et
Belo Horizonte (grand centre industriel). L’intensification des échanges entre
ces métropoles au moyen réseau ferroviaire le plus dense du brésil, qui
concentrent 50% du trafic aérien brésilien sont en train de donner naissance à
une mégalopole (triangle industriel).
De cette histoire les deux pays conservent une certaine tradition «d’esprit pionnier » avec d’importantes mobilités internes qui d’ailleurs suivent des directions assez similaires du Nord vers le Sud et d’Est vers l’ouest c’est-à-dire des régions plus dynamiques sur le plan économique.
B. L’intégration à la mondialisation
Dans les deux cas, on note l’importance des façades maritimes qui restent encore aujourd’hui le cœur économique des deux pays et des interfaces entre le territoire national et l’espace mondial. Le Sudeste brésilien produit 60% de la richesse du pays et abrite les trois premières villes du pays : Sao Paulo (capitale économique), Rio de Janeiro (capitale culturelle et 1er pôle touristique) et Belo Horizonte (grand centre industriel). L’intensification des échanges entre ces métropoles au moyen réseau ferroviaire le plus dense du brésil, qui concentrent 50% du trafic aérien brésilien sont en train de donner naissance à une mégalopole (triangle industriel).
Aux EU, la mégalopolis est
la région des EU la plus riche et la plus peuplée et concentre les principales
fonctions métropolitaines d’influence mondiale (Wall Street, ONU à NY, Maison
Blanche, Pentagone, FMI, Banque mondiale à Washington, Harvard-MIT à Boston par
exemple). La façade atlantique reste encore aujourd’hui la première interface
maritime des Etats-Unis avec les ports de NY, Virginie, Savanah et Charleston.
La métropolisation fait
converger les modèles urbains américain et brésilien : présence d’un CBD, étalement
urbain.
Notons cependant
quelques différences : les EU bénéficient d’une deuxième façade océanique
et le premier port conteneur US est celui de Los Angeles/Long Beach dynamisé
par les échanges avec l’Asie. En outre, l’intensification des échanges dans le
cadre de l’ALENA a donné naissance à deux vastes interfaces terrestres entre
les EU et le Mexique (maquiladoras)
et entre les EU et le Canada dans la région des grands lacs et le long du Saint
Laurent (axe surnommé "Main street America"). Le
Mercosul a donné également naissance à une région transfrontalière très active
entre le Sud brésilien et l’Uruguay et l’Argentine mais les échanges
transfrontaliers restent bridés par la mauvaise intégration des réseaux de
transport à l’échelle continentale (seulement trois ponts sur le Rio de la
Plata, 4e en projet).
III. Une organisation tripartite des territoires US et brésilien
A. Les recompositions territoriales des EU
Schématiquement,
le territoire américain peut être scindé en 3 grands types de territoires.
L'île de Manhattan |
Usine désaffectée à Détroit |
1. D’abord,
le cœur de la puissance correspond au nord-est, qui est à la fois le centre
historique du pays (par ex, Washington capitale depuis 1791, région d’arrivée
de millions de migrants, un des centres de la révolution industrielle du XIXème
siècle) et l’espace le plus puissant aujourd’hui. Deux pôles structurent cet
espace : la Mégalopolis et la
région des grands lacs (autour de Chicago et Détroit). Le Nord-est concentre
une ville mondiale et plus de 40% de l’activité industrielle, regroupe plus de
70% de sièges sociaux de grandes firmes américaines ainsi que des universités
parmi les plus « puissantes » du monde (par ex Harvard), centralise
une partie de l’économie mondiale par l’intermédiaire de deux bourses mondiales
et de quartiers d’affaires riches au rayonnement mondial (Manhattan à NY et le Loop à Chicago). Pour autant, cette grande région a été durement marquée par la
crise à la fin des 1970’s (perte de millions d’emplois dans l’industrie textile
et sidérurgique notamment et la crise des subprimes de 2008 (secteur automobile
très touché). Par ailleurs, la région n’a pas bien négociée le passage à une
économie « postindustrielle ». Les principales conséquences de ces 2
moments sont les transferts d’activités et les flux migratoires vers la Sun
Belt. Depuis peu, la région des Grands lacs tente une reconversion (tourisme,
haute technologie).
Siège de Google dans la Silicon Valley en Californie |
Cette zone est composée de noyaux isolés (littoral
californien, région d’Atlanta, Seattle, etc.). Son dynamisme s’appuie sur de
nombreux facteurs : interfaces maritime et terrestre, métropoles
puissantes (Los Angeles, Atlanta, Miami), conditions climatiques attractives (héliotropisme),
conditions géologiques favorables (pétrole au Texas et dans le golfe du
Mexique). Enfin, on peut inclure Hawaï : archipel situé en plein Pacifique à 4000 km à l’Ouest de la Californie centré sur l’agriculture tropicale (ananas, café, canne à sucre, bananes) et le tourisme (surf, randonnées, plages). Toutefois, le dynamisme de ces Etats marque le pas et sont confrontés à des retournement de conjoncture, en particulier en Californie qui a beaucoup souffert de la crise économique de 2008 : la pauvreté, le chômage et les inégalités augmentent.
3. Enfin,
les espaces « en marge ». Il faut relativiser la notion de
marginalisation pour le territoire états-unien car ces territoires sont
finalement relativement bien intégrés à la mondialisation et développés mais à
un degré moindre que le reste du pays. La région des grandes plaines (Midwest) est le cœur agricole du pays (E-U, 1er exportateur de produits agricoles) avec sa production ultra-moderne (subventions, machines, OGM, etc.) de maïs, soja, blé et élevage. Sa marginalité tient dans ses faibles densités de population.
Le "Vieux Sud" qualifie le Sud-est des EU correspondant aux anciens Etats esclavagistes. Cette région se caractérise par l'importante population africaine-américaine et son important taux de pauvreté en raison du déclin des activités agricoles traditionnelles (coton, tabac). Cette région est dynamisée par le transfert d'activités industrielles originaires du Nord-est. Atlanta, métropole de rang international (siège de Coca-Cola, organisatrice des JO de 1996, 1er hub aéroportuaire mondial) constitue un moteur pour cette région.
Elevage extensif dans l'ouest des EU |
B. Les
disparités territoriales du Brésil
Le
Brésil aussi peut être divisé en 3 grands espaces au développement et à
l’insertion mondiale très inégaux.
Sao Paulo, la capitale économique du Brésil. |
Le
Sudeste constitue l’espace central et moteur du pays. Organisé autour de Rio de
Janeiro (10M d’hab) et Sao Paulo (20M d’hab), la région représente plus des 2/3
de la production industrielle et la moitié du PIB. Les sièges sociaux des
grandes FTN brésiliennes s’y sont installés et la plus grande bourse d’Amérique
Latine est à Sao Paulo. Les liens avec le reste du monde sont très intenses grâce
aux grandes manifestations internationales (JO de Rio) et aux infrastructures de
communications (ports, aéroports).
Agriculture productiviste au Mato Grosso |
Les espaces du Sud et du Centre-Ouest représentent des
périphéries intégrées. Pour le 1er grâce à son agriculture (café,
olives, orge, etc.), sa proximité avec des pays du MERCOSUL (dynamisme
transfrontalier), sa proximité avec le Sudeste, son activité industrielle. Pour
le second grâce à son agriculture moderne mécanisée destinée à l’exportation
(élevage, soja). De plus, la capitale politique, Brasilia, inaugurée en 1960 illustre la
volonté politique de développer l’intérieur du pays et d’en faire un front
pionnier.
L'Amazonie entre intérêt économique et importance écologique |
Enfin,
le Nordeste et la région amazonienne. Cette dernière est la partie plus
excentrée et marginalisée (pour le moment) du pays malgré un potentiel
important (hydroélectricité, gisements d’or, caoutchouc, bois, zone franche de
Manaus, tourisme de croisière sur le fleuve Amazone, espaces disponibles).
C’est donc un territoire qui pourrait s’avérer porteur du développement du
pays. Quant au Nordeste, il constituait l’ancien centre historique et
économique du pays mais cumule aujourd’hui de nombreux handicaps qui en
font une région au faible développement. Le Nordeste reste, entre autres, marqué par l’analphabétisme (42% contre 10%
dans le Sudeste) et la malnutrition. Pourtant, quelques projets récents
montrent la volonté de l’Etat de créer une dynamique de développement avec la
construction d’un grand aménagement hydraulique qui permettrait une agriculture
irriguée commerciale et un accès à l’eau plus régulier pour développer le
tourisme. La région a connu et connait toujours de grandes vagues de départs de
populations avec des flux migratoires intérieurs orientés vers le Sudeste ou le
Centre-Ouest voire la région amazonienne (front pionnier).
Conclusion
Sur le plan des dynamiques territoriales des EU et du Brésil,
plusieurs similitudes sont apparues, notamment l’organisation tripartite de
leur espace. Mais le niveau de développement et d’intégration générale de
chaque pays n’est pas identique : les EUA sont totalement intégrés à la
mondialisation quand plusieurs régions du Brésil restent marginalisées. De
fait, la mondialisation fonctionne par l’intermédiaire de centres d’impulsion (les métropoles principalement) et a plutôt tendance à renforcer les inégalités régionales à l'intérieur des Etats.
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