vendredi 20 septembre 2019

Les EU et le monde depuis 1918

Initiant notre analyse à partir de leur première grande intervention dans les affaires du monde avec leur engagement dans le règlement de la Première Guerre mondiale en 1918, nous chercherons à suivre les voies suivies par les EU pour s'imposer comme première puissance globale. 


I. D'une guerre mondiale à une autre : l'affirmation progressive de la puissance US (1918 - 1945)

     Dans la première moitié du XXème siècle, les EU hésitent à renoncer à leur isolationnisme traditionnel (doctrine Monroe) et refusent globalement les contraintes mondiales de la puissance et à se substituer aux puissances européennes. Mais les guerres mondiales vont contraindre les EU à sortir de leur pré carré américain.

     A. L'engagement des États-Unis dans la guerre et dans la paix

     Les États-Unis considèrent que la guerre européenne ouverte en 1914 n'implique pas directement leurs intérêts nationaux et adoptent donc une politique de neutralité, proclamée par la président démocrate Woodrow Wilson. Ils finissent cependant par s'engager dans la guerre en avril 1917 au nom de la défense de la liberté de navigation essentielle pour l'économie américaine.  Les EU participent donc à la victoire de l'Entente le 11 novembre 1918.
     Le 8 janvier 1918, Wilson prononce son célèbre discours des « 14 points » devant le Congrès des États-Unis où il développe une réflexion sur une diplomatie guidée par des idéaux moraux ("idéalisme wilsonien") : fin de la diplomatie secrète, liberté de navigation, droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, sécurité collective. 

La Conférence de Versailles
(Wilson est celui qui tient un journal)
     Un an plus tard, en janvier 1919, Wilson défend à la Conférence de la Paix les idées proposées dans ses « 14 points ». Le 28 juin 1919, le traité de Versailles est signé. Le texte est très dur envers l’Allemagne (sanctions territoriales, militaires et économiques très lourdes). Wilson parvient néanmoins à faire inclure dans le traité le pacte de la Société des Nations (SDN) prévue par le point 14.













      B. Une puissance en retrait : un entre-deux-guerres isolationniste ?

Après guerre, les républicains, plus isolationnistes, prennent le pouvoir. En 1920, le Congrès des États-Unis refuse de ratifier le traité de Versailles et d'entrer à la SDN. Au-delà de l'isolement, c'est même d'une fermeture qu'il s'agit : dans le cadre d'une montée des mouvements nativistes et racistes, le pays se ferme au monde extérieur (hausse des droits de douanes,  quotas d'immigration). On peut néanmoins relativiser cet isolationnisme des successeurs de Wilson :  sur le plan économique, le pays accentue son implication dans l'économie mondiale pour favoriser son expansion. On parle à cet égard de « diplomatie du dollar » (renégociation de la dette allemande dans les années 1920). Cette influence internationale est soutenue par la croissance économique exceptionnelle du pays dans les années 1920 ("Roaring twenties"). Les EU commencent à devenir un modèle culturel : démocratisation de la société de consommation, naissance d'Hollywood (les EU dépassent la France comme 1er producteur mondial de films), diffusion du jazz. Les États-Unis deviennent donc le pays de la modernité économique, technique, politique et culturelle. 
     La crise de 1929 et la Grande Dépression des années 1930 relèguent au second plan les questions de politique extérieure. Le démocrate Franklin D. Roosevelt (élu en 1932 et réélu en 1936, 1940 et 1944) est contraint de mener une politique encore plus isolationniste que ses prédécesseurs : les droits de douane augmentent massivement ; les capitaux américains investis à l'étranger sont rapatriés. Ces initiatives favorisent l'extension de la crise à l'ensemble des pays développés (preuve du rôle déterminant des États-Unis dans l'économie mondiale dès les années 1920 – 1930).
   
caricature de Carey Orr, 1939
Face à la montée des tensions en Europe, le Congrès américain adopte trois lois de neutralité entre 1935 et 1937. Il s'agit d'éviter à tout prix que les EU se retrouvent entraînés dans un conflit. 
     Après 1918, l'opinion américaine est donc très isolationniste. À cette période, les EU ne jouent pas un rôle mondial conforme à leur poids économique, ce qui a pu nourrir l'instabilité internationale dans l'entre-deux-guerres.














C.  Le tournant  de la Seconde Guerre mondiale

     Les États-Unis, à l'approche de la 2GM, sortent progressivement de leur isolationnisme. Après l'agression de la Pologne par Hitler, Roosevelt parvient à convaincre le Congrès, en novembre 1939, d'assouplir les lois de neutralité en ajoutant la clause cash and carryLa défaite française en juin 1940 et le début de la bataille d’Angleterre à partir de juillet commencent à provoquer le basculement de l'opinion publique américaine. Le Congrès autorise en septembre la conscription, une première en temps de paix et une augmentation des crédits militaires. Parallèlement, par le biais de la loi prêt-bail (mars 1941) une aide financière aux pays alliés adversaires de l'Axe (GB, URSS) est débloquée. Le 7 décembre 1941, sans déclaration de guerre, l'agression surprise du Japon à Pearl Harbor entraîne la déclaration de guerre au Japon, unanimement soutenue par l'opinion publique.
     L'engagement des EU est désormais total : Roosevelt annonce en janvier 1942 la mise en place du Victory Program qui organise l'effort de guerre. La mobilisation industrielle et humaine est considérable pour mener une guerre sur plusieurs fronts : dans le Pacifique contre le Japon, en Europe et en Afrique du Nord contre l'Allemagne et l'Italie.  Les débarquements en Afrique du Nord (1942), en Italie (1943) et en France (1944) permettent à l'armée américaine de participer à la libération de l'Europe jusqu'à la capitulation de l'Allemagne (8 mai 1945). Les terribles bombardements de Tokyo et l'usage de l'arme nucléaire à Hiroshima et Nagasaki (6 et 9 août 1945) poussent le Japon à la capitulation sans condition le 2 septembre 1945.

Les États-Unis sont, avec l'URSS, les grands vainqueurs de la 2GM et retirent de leur victoire sur le nazisme un prestige considérable (notamment en Europe de l'ouest). Cette puissance est manifeste :
     Sur le plan militaire : ils sont les seuls à posséder la bombe atomique. Leur armée très puissante et parfaitement équipée est déployée partout dans le monde.
     Sur le plan économique : ils dominent l'économie mondiale avec 65 % du stock d'or et 50 % de la production industrielle mondiale.  
    
II. La puissance assumée : les États-Unis, superpuissance pendant la Guerre froide (1945 - 1991)

      Après la victoire, la puissance des EU est désormais sans égale. A la différence de 1919, les EU assument pleinement leur rôle de grande puissance et assurent la direction du bloc capitaliste durant l'affrontement Est-Ouest. 

     A. Les États-Unis réorganisent le monde et forment leur bloc (1945-1962)

1. Une monde organisé par les E-U 

Que ce soit sur le plan politique ou économique, les États-Unis sont les grands bénéficiaires des accords internationaux de la fin des années 1940. 
- Sur le plan politique : Les États-Unis tirent les leçons de l’échec de la SDN et pensent qu’il faut créer une organisation plus forte. L'ONU naît le 26 Juin 1945 lors de la conférence de San Francisco. Sur les 51 états fondateurs, presque la moitié sont des États du continent américain, donc sous influence américaine. L'ONU peut fonctionner tant que l'entente règne entre les membres du Conseil de sécurité. Or, dès 1947, la rupture entre les deux anciens alliés de guerre est consommée et la Guerre froide débute.

- Sur le plan économique : les accords de Bretton Woods visent à favoriser le libéralisme et tracent les grandes lignes d'un nouveau Système Monétaire International. dans lequel le dollar devient la monnaie-pivot des échanges. La Banque mondiale et le FMI sont créés et installés à Washington. En octobre 1947, les accord du GATT sont signés par 23 pays organisant les conditions d'une libération du commerce international selon les principes américains du libre-échange. 

2. Les Etats-unis prennent la tête du bloc capitaliste (1947-1962)

En mars 1947, dans son discours sur l’État de l'Union devant le Congrès, Harry Truman définit la nouvelle politique stratégique américaine marquant ainsi le début des hostilités contre le camp socialiste et donc de la Guerre froide. Il s'agit d'endiguer le communisme dans le monde. (doc 1 p. 203). La doctrine Truman trouve rapidement une application concrète pour les pays européens avec le Plan Marshall (1948) puis la mise en place d'un vaste réseau d'alliances internationales (cf. carte et tableau page 200-201) qui cherchent à verrouiller le bloc communiste de tous les côtés. 1949 : Alliance atlantique, 1951 : ANZUS, 1954 : OTASE, 1955 : Pacte de Bagdad. Le containment implique parfois une intervention militaire. Il s'agit toujours de conflit par pays interposé : la possession de l'arme atomique par les deux superpuissances interdisant toute confrontation directe, les conflits ou tensions se reportent à la périphérie des blocs et se font par l'intermédiaire de pays (Allemagne, Corée, Cuba) : Blocus de Berlin (1948 - 1949) - Guerre de Corée (1950 – 1953) - blocus maritime sur Cuba (1962).


     Contrairement à 1918-1919, l'opinion publique américaine soutient une politique étrangère désormais interventionniste. Le pays croit pouvoir accomplir sa « destinée manifeste » qui consiste à répandre le modèle de civilisation américain dans le monde (en particulier la démocratie libérale) et plus seulement à l'échelle nationale ou continentale. Les États-Unis s'engagent ainsi pour la première fois dans le monde en temps de paix pour des ambitions qui ne sont plus seulement économiques.


     B. Une puissance contestée mais finalement victorieuse (1962-1991)

1. Une puissance contestée 

 Sur le plan militaire l'URSS parvient à rattraper son retard dans la course aux armements, à instaurer un équilibre de la Terreur et même à dépasser les EU dans les années 1970. Dans le domaine scientifique, la conquête spatiale est l'objet d'une lutte de prestige et l'URSS prend les États-Unis de vitesse dans la course à l'espace : elle est la première à placer un satellite en orbite (spoutnik 1957) ou à envoyer un homme dans l'espace (Gagarine en 1961)
Fuite d'un village bombardé
au napalm, 1972
L’image des EU est considérablement ternie par la guerre du Vietnam à partir de 1964. De cette guerre surtout datent les accusations d'«impérialisme» nourrissant l'antiaméricanisme. L'échec militaire et la médiatisation des bombardements sur les civils provoquent une véritable crise de conscience aux EU et attise le pacifisme de la jeunesse américaine. 
Dans le domaine économique : les Etats-Unis sont obligés de mettre fin au système monétaire international en 1971 en raison de leurs difficultés financières sur fond de crise économique à partir de 1973. 
 Au sein de leur bloc, les Etats-Unis sont de plus en plus contestés. Le président De Gaulle sort la France de l’OTAN en 1966. En Amérique latine, des mouvements révolutionnaires d'inspiration marxiste remettent en cause l'"impérialisme" américain dans leur chasse gardée américaine. 

2. Les États-Unis, vainqueurs de la Guerre froide (1980 – 1991)

L'élection du républicain Ronald Reagan en 1980 marque un  tournant. Sa politique agressive à l'égard de l'URSS se concrétise la reprise de la course aux armements : après une pause dans les années 1970 à l'époque de la Détente : Reagan lance un ambitieux programme baptisé Initiative de Défense Stratégique ou « guerre des étoiles ». En URSS, l'arrivée au pouvoir en 1985 de Mikhaïl Gorbatchev engage une politique de détente et de désarmement avec les EU n'empêchant pas la dislocation du bloc socialiste entre 1989 et 1991. La disparition de l'autre superpuissance laisse les EU sans rivaux. Ils sortent vainqueurs de la Guerre froide  car leur rival s'est effondré.
     La victoire des EU est aussi celle des valeurs et d'un système : le libéralisme économique et le capitalisme triomphent dans les années 1980 et 1990. Ils gagnent l'Europe de l'Est et la Chine avant même les réformes politiques. La démocratie progresse quant à elle en Amérique latine et Europe de l'Est. Néanmoins, les EU ont toujours une vision claire de leurs intérêts et continuent à soutenir des régimes non-démocratiques lorsqu'ils servent leurs intérêts, au Proche et au Moyen-Orient particulièrement.
    
     C. La diffusion du modèle américain

La période de la Guerre froide fut ainsi marquée par la mondialisation de la fascination à l'égard du mode de vie américain (American way of life). Ce mode de vie censé conjuguer liberté individuelle, égalité des chances, revenus élevés et consommation de masse est proposé en modèle au monde entier. Il représente le « rêve américain », ce à quoi aspirent des centaines de millions d'individus, dont les 15 millions d'immigrés qui arrivent aux États-Unis entre le début des années 1960 et 1990 (cf. Dossier p. 192-193).
La capacité de séduction extraordinaire du « rêve américain » est rendue possible par le dynamisme culturel de la société américaine qui s'exporte par le biais de biens matériels ou immatériels : 
Voir étude diptyque de Warhol p.207

Affiche de 1968
- Les biens de consommation : cigarettes, Coca-Cola, jeans, burgers,...
- La musique et ses interprètes : les EU sont à l'origine de tous les grands genres de la musique populaire du XXe siècle : jazz, blues, rock'n roll, soul, funk, disco, hip-hop, house,etc. notons au passage l’apport en particulier de la communauté africaine-américaine à la musique.
- Le cinéma hollywoodien et ses «stars». Les films hollywoodiens diffusent à la fois l'image d'un mode de vie rêvé et sont aussi un instrument de la lutte contre le communisme. Les EU ont parfaitement conscience du rôle joué par leur cinéma pour diffuser leur modèle : en 1946, les accords Blum-Byrnes annulant une partie de la dette française contractée pendant la guerre est conditionnée à la levée de l'interdiction des films américains mise en place en 1939.
- Le prestige universitaire et scientifique des grandes universités américaines (Harvard, Yale, Princeton...) ; brain drain ; domination écrasante en matière de Prix Nobel. Le premier alunissage par Apollo XI le 24 juillet 1969 redonne aux EU la primauté dans la course à l'espace. 

     
III. Les États-Unis depuis 1991, hyperpuissance ou puissance affaiblie  ?

La disparition de l'URSS en 1991 place les EU en situation inédite d'"hypepuissance", c'est à dire une puissance complète sans rivale à sa mesure. D'un monde bipolaire on passe donc alors à un monde unipolaire avant que celui-ci ne soit remis en cause par le déclin relatif des EU dans les années 2000. 

     A. Les États-Unis et le nouvel ordre mondial dans les années 1990

     À la fin de la GF, les États-Unis apparaissent comme les leaders d'un monde réunifié autour de la démocratie et de l'économie libérale. Les États-Unis entendent (à nouveau) instituer un « nouvel ordre mondial » fondé sur les valeurs libérales. Cette expression est utilisée à de nombreuses reprises par le président républicain George  Bush (1988 - 1992) pour désigner ce programme cherchant à instaurer la sécurité collective sous leadership américain. 
     À la chute de l'URSS, les États-Unis entendent  diffuser au monde entier le libéralisme économique en formant par exemple l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) en 1994 ou en favorisant la création de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)  qui remplace en 1995 le GATT
      Pendant la Guerre froide, l'ONU avait été paralysée par l'utilisation intempestive du droit de veto par les deux superpuissances. La fin de la Guerre froide laisse espérer que l'ONU puisse enfin remplir la mission fondamentale qui était la sienne. Le président G. Bush défend donc les principes du multilatéralisme, c'est-à-dire une politique consistant à associer la communauté internationale à des décisions et actions menées dans la concertation, principalement dans le cadre de l'ONU. Dans ce contexte, au nom du droit et de la démocratie, renouant en quelque sorte avec les idéaux wilsoniens, les États-Unis ont tenté de jouer le rôle de « gendarmes du monde », de pacificateurs des relations internationales sur tous les continents. Dès lors, les EU réalisent de multiples interventions au nom du droit international seuls ou au sein d'une coalition  : la guerre du Golfe (1991), Somalie (1993). Les Etats-unis font jouer aussi leur puissance diplomatique. En 1993, les accords d'Oslo signés à Washington font émerger l'espoir d'une paix entre Israéliens et Palestiniens. En 1995, les accords de Dayton mettent fin au conflit en Bosnie.
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Accords d'Oslo signés à Washington
Cependant, les EU n'en défendent pas moins leurs intérêts tant sur le plan du hard power (par exemple en intégrant dans l'OTAN les anciens pays satellites de Moscou) que du soft power comme le théorise en 1990 Joseph Nye. Le rayonnement culturel américain trouve en effet de nouveaux relais dans les années 1990 avec le développement des NTIC largement dominées par les entreprises américaines (Microsoft et débuts d'internet avec AOL, Yahoo et bientôt Google). 
      En outre, certains signes témoignent d'une certaine forme d'évolution vers l'unilatéralisme : refus de ratifier le protocole de Kyoto sur le climat (en 1997) ; refus de ratifier la convention sur la Cour Pénale Internationale (en 1998), bombardements de l'OTAN sans mandat de l'ONU en Serbie en 1999.                        

     B. La puissance américaine face au terrorisme : un unilatéralisme assumé

La période de l'après-Guerre froide se termine brusquement le 11 septembre 2001Ces attentats s’inscrivent dans une suite continue d’attaques jihadistes contre les intérêts américains dans le monde depuis le début des années 1990. Cependant, les attentats du 11 septembre organisés par Al-Qaïda et O. Ben Laden furent d’une toute autre ampleur par leur portée symbolique et médiatique : 
- Attaque du World Trade Center à New York, symbole de la suprématie économique et financière américaine (Wall Street) ;
- Attaque du Pentagone à Washington, symbole de la suprématie militaire américaine (département de la Défense) 
Les attaques précipitent un changement radical en matière de politique étrangère. Elles sont qualifiées d’« actes de guerre » par le président républicain George W. Bush (2000 - 2008) qui déclare une « guerre à la terreur » et fait de la sécurité nationale l'enjeu primordial de la politique américaine. Par ailleurs, George W. Bush définit un « axe du Mal »  regroupant des États dits « voyous » (rogue states) comme la Corée du Nord, l'Iran, l'Afghanistan et l'Irak.  
Les deux mandats de George W. Bush (2000 - 2008) sont ainsi caractérisés par l'unilatéralisme de la politique étrangère américaine. Il s’agit pour Washington de défendre les intérêts nationaux américains sans attendre l'approbation de l'ONU et de la communauté internationale. Les États-Unis s'engagent ainsi dans deux guerres :
- Intervention sous mandat de l'ONU en Afghanistan à partir d'octobre 2001 jusqu'en 2014 : plus long engagement militaire des E-U. 
- Intervention « préventive » sans mandat de l'ONU en Irak au printemps 2003 pour renverser Saddam Hussein et l'empêcher de se doter d'« armes de destruction massive » qui n'existaient pas en réalité. Il s'agit aussi de sécuriser la région du monde la plus riche en pétrole et de remodeler démocratiquement un « Grand Moyen Orient », du Maroc au Pakistan (théorie du Nation building)
    
L'image des E-U défenseurs du monde libre est alors fortement écornée par les violations du droit de la guerre relatif au traitement des prisonniers de guerre (prisons de Guantanamo, Abu Graib) mais aussi par les pouvoirs étendus accordés aux agences fédérales de renseignement (Patriot Act). L'antiaméricanisme se développe, particulièrement dans les sociétés musulmanes.

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La très controversée prison de Guantanamo échappant au
droit international et américain















     C. Une puissance affaiblie depuis 2008 

     En 2008, le démocrate Barack Obama est élu et sa popularité hors des EU redonne une image positive à l'Amérique. Le mandat de B. Obama a globalement tenté de restaurer dans le monde l'image des EU, très écornée dans la décennie 2000. Obama privilégie le multilatéralisme : il accorde plus d'importance à la diplomatie en général, à l'ONU, aux négociations sur le développement durable et à la gouvernance économique mondiale. Il préside au retrait des troupes d'Irak (2011) et décide du retrait d'Afghanistan (2014). Le discours du Caire, prononcé en juin 2009, rejette l'idée d'un « choc des civilisations » et tente de renouer le dialogue avec l'Islam.  B. Obama soutient les révolutions du « printemps arabe » (2010 - 2012) et favorise la résolution du problème du programme nucléaire iranien (accord de juillet 2015), signe les accords de Paris sur le climat (COP21) et renoue des relations diplomatiques avec Cuba (2016). 
     Mais les États-Unis veulent conserver leurs moyens d'action : exécution de Ben Laden en mai 2011 sans procès ni concertation avec leurs alliés ; utilisation à grande échelle de drones pour éliminer leur ennemis. Par ailleurs, les dépenses militaires américaines restent impressionnantes : en 2014, les États-Unis ont dépensé 661 milliards de dollars, soit près de 4 % de leur PIB. Cela représente plus de 43 % des dépenses militaires mondiales.
    Ces  réussites ne sont pas parvenues à enrayer la grave crise économique. Déclenchée par des produits financiers liés au crédit immobilier, la crise des subprimes de 2008-2012 a plongé une grande partie des pays industrialisés dans la récession. Elle révèle les fragilités de l'économie américaine caractérisées par une balance commerciale structurellement déficitaire, un endettement important à l'égard de puissances rivales (notamment la Chine). Aucun pays du monde (et surtout pas la Chine) n'a cependant intérêt à voir s'écrouler l'économie des États-Unis qui reste toujours le moteur de l'innovation technologique. Le pays, malgré l’érosion de sa puissance économique, demeure la seule puissance globale.



La politique étrangère des EU a donc oscillé entre tendances isolationniste et interventionniste mais la tendance sur le long terme a été malgré tout une stratégie de déploiement dans toutes les composantes de la puissance. Première puissance économique, première puissance militaire, première puissance culturelle, première puissance scientifique, première puissance sportive, etc. les EU sont parvenus à s'élever comme première puissance globale au cours du XXe siècle. Le leadership moral acquis grâce à la victoire sur les totalitarismes nazi et soviétique est cependant aujourd'hui ébranlé en raison de la dérive unilatéraliste suivie depuis la fin des années 1990 et contraire aux idéaux wilsoniens affichés en 1918. C'est là sans doute le vertige de l'"hyperpuissance". Les signaux envoyés par l'administration Trump depuis 2017 sont à cet égard inquiétants et ont tendance à accentuer la défiance internationale à l'égard des EU, y compris chez leurs alliés traditionnels désormais qualifiés d'ennemis économiques au même titre que la Chine ou la Russie. C'est une occasion en or pour la Chine de développer plus rapidement encore sa stratégie de puissance et s'ériger comme superpuissance à-même de rivaliser avec les EU. Est-ce là l'annonce d'une nouvelle guerre froide ? 






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