Initiant
notre analyse à partir de leur première grande intervention dans les affaires
du monde avec leur engagement dans le règlement de la Première Guerre mondiale
en 1918, nous chercherons à suivre les voies suivies par les EU pour s'imposer
comme première puissance globale.
I.
D'une guerre mondiale
à une autre : l'affirmation progressive de la puissance US (1918 - 1945)
Dans la première moitié du XXème siècle,
les EU hésitent à renoncer à leur isolationnisme traditionnel (doctrine Monroe) et refusent
globalement les contraintes mondiales de la puissance et à se substituer aux
puissances européennes. Mais les guerres mondiales vont contraindre les EU à
sortir de leur pré carré américain.
A. L'engagement des États-Unis dans la guerre et
dans la paix
Les États-Unis considèrent que la guerre européenne ouverte en 1914 n'implique pas directement leurs intérêts nationaux et adoptent donc une
politique de neutralité, proclamée par la président démocrate Woodrow
Wilson. Ils finissent cependant par s'engager dans la
guerre en avril 1917 au nom de la défense de la liberté de navigation
essentielle pour l'économie américaine. Les EU participent donc à la victoire de l'Entente le 11 novembre 1918.
Le 8 janvier 1918, Wilson prononce son
célèbre discours des « 14 points » devant le Congrès
des États-Unis où il développe une réflexion sur une diplomatie guidée par des idéaux moraux ("idéalisme wilsonien") : fin de la diplomatie secrète, liberté de navigation, droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, sécurité collective.
La Conférence de Versailles (Wilson est celui qui tient un journal) |
Un an plus tard, en janvier 1919, Wilson défend à la Conférence de la Paix les idées proposées dans ses « 14 points ». Le
28 juin 1919, le traité de Versailles est signé. Le texte est très dur envers l’Allemagne (sanctions territoriales, militaires et économiques très
lourdes). Wilson parvient néanmoins à faire inclure dans le traité le pacte de la
Société des Nations (SDN) prévue par le point 14.
B. Une puissance en retrait : un
entre-deux-guerres isolationniste ?
Après
guerre, les républicains, plus isolationnistes, prennent le pouvoir. En 1920, le Congrès des États-Unis refuse
de ratifier le traité de Versailles et d'entrer à la SDN. Au-delà de
l'isolement, c'est même d'une fermeture qu'il s'agit : dans le cadre
d'une montée des mouvements nativistes et racistes, le pays se ferme au monde
extérieur (hausse des droits de douanes, quotas d'immigration). On peut néanmoins relativiser cet
isolationnisme des successeurs de Wilson : sur le plan économique, le pays
accentue son implication dans l'économie mondiale pour favoriser son
expansion. On parle à cet égard de « diplomatie du dollar » (renégociation de la dette allemande dans les années 1920). Cette influence internationale est soutenue
par la croissance économique exceptionnelle du pays dans les années 1920 ("Roaring twenties"). Les EU commencent à devenir un modèle culturel : démocratisation
de la société de consommation, naissance d'Hollywood (les EU dépassent la France comme
1er producteur mondial de films), diffusion du jazz. Les États-Unis
deviennent donc le pays de la modernité économique, technique, politique et
culturelle.
La crise de 1929 et la Grande Dépression
des années 1930 relèguent au second plan les questions de politique
extérieure. Le démocrate Franklin D. Roosevelt (élu en 1932 et réélu en 1936,
1940 et 1944) est contraint de mener une politique encore plus isolationniste
que ses prédécesseurs : les droits de douane
augmentent massivement ; les capitaux américains
investis à l'étranger sont
rapatriés. Ces initiatives favorisent l'extension de la crise à l'ensemble des pays développés (preuve
du rôle déterminant des États-Unis dans l'économie mondiale dès les années 1920
– 1930).
caricature de Carey Orr, 1939 |
Face à la montée des tensions en Europe, le Congrès américain adopte trois lois
de neutralité entre 1935 et 1937. Il s'agit d'éviter à tout prix que les EU se
retrouvent entraînés dans un conflit.
Après 1918, l'opinion américaine est donc
très isolationniste. À cette période, les EU ne jouent pas un rôle mondial conforme
à leur poids économique, ce qui a pu nourrir l'instabilité internationale dans
l'entre-deux-guerres.
C. Le tournant de la Seconde Guerre mondiale
Les États-Unis, à l'approche de la 2GM, sortent
progressivement de leur isolationnisme. Après l'agression de la Pologne par Hitler, Roosevelt parvient
à convaincre le Congrès, en novembre 1939, d'assouplir les lois de neutralité
en ajoutant la clause cash and carry. La défaite française en juin 1940 et le
début de la bataille d’Angleterre à partir de juillet commencent à provoquer le
basculement de l'opinion publique américaine. Le Congrès autorise en septembre
la conscription, une première en temps de paix et une augmentation des crédits militaires. Parallèlement,
par le biais de la loi prêt-bail (mars 1941) une aide financière aux
pays alliés adversaires de l'Axe (GB, URSS) est débloquée. Le 7 décembre 1941, sans déclaration
de guerre, l'agression surprise du Japon à Pearl Harbor
entraîne la déclaration de guerre au Japon, unanimement
soutenue par l'opinion publique.
L'engagement des EU est désormais total :
Roosevelt annonce en janvier 1942 la mise en place du Victory Program qui organise l'effort de guerre. La mobilisation industrielle et humaine est considérable pour mener une guerre sur plusieurs fronts : dans le Pacifique
contre le Japon, en Europe et en Afrique du Nord contre l'Allemagne et
l'Italie. Les débarquements en Afrique
du Nord (1942), en Italie (1943) et en France (1944) permettent à l'armée
américaine de participer à la libération de l'Europe jusqu'à la capitulation de l'Allemagne (8 mai 1945). Les terribles bombardements de
Tokyo et l'usage de l'arme nucléaire à Hiroshima et Nagasaki (6 et 9 août 1945)
poussent le Japon à la capitulation sans condition le 2 septembre 1945.
Les États-Unis sont, avec l'URSS, les grands vainqueurs de la 2GM et retirent de leur victoire sur le
nazisme un prestige considérable (notamment en Europe de l'ouest). Cette puissance est manifeste :
Sur
le plan militaire
: ils sont les seuls à posséder la bombe atomique. Leur armée très puissante et
parfaitement équipée est déployée partout dans le monde.
Sur
le plan économique : ils dominent l'économie mondiale avec 65 % du
stock d'or et 50 % de la production industrielle mondiale.
II. La puissance assumée : les États-Unis,
superpuissance pendant la Guerre froide (1945 - 1991)
Après la victoire, la puissance des EU est
désormais sans égale. A la différence de 1919, les EU assument pleinement leur rôle de grande puissance et assurent la direction du bloc capitaliste durant l'affrontement Est-Ouest.
A. Les États-Unis réorganisent le monde et forment leur bloc (1945-1962)
1. Une monde organisé par les E-U
Que ce soit sur le plan politique ou économique, les États-Unis sont les grands bénéficiaires des accords internationaux de la fin des années 1940.
Que ce soit sur le plan politique ou économique, les États-Unis sont les grands bénéficiaires des accords internationaux de la fin des années 1940.
- Sur le plan politique : Les États-Unis tirent les leçons de l’échec de la SDN et
pensent qu’il faut créer une organisation plus forte. L'ONU naît le 26 Juin 1945 lors de la conférence de San Francisco. Sur les 51 états fondateurs, presque la moitié sont
des États du continent américain, donc sous influence américaine. L'ONU peut fonctionner tant que
l'entente règne entre les membres du Conseil de sécurité. Or, dès 1947, la
rupture entre les deux anciens alliés de guerre est consommée et la Guerre
froide débute.
-
Sur le plan économique : les accords
de Bretton Woods visent à favoriser le libéralisme
et tracent les grandes lignes d'un nouveau Système Monétaire
International. dans lequel le dollar devient la monnaie-pivot des échanges. La Banque mondiale et le FMI sont créés et
installés à Washington. En octobre 1947, les accord du GATT sont signés par 23
pays organisant les conditions d'une libération du commerce international selon les principes américains du libre-échange.
2. Les Etats-unis prennent la tête du bloc capitaliste (1947-1962)
2. Les Etats-unis prennent la tête du bloc capitaliste (1947-1962)
En mars 1947, dans son discours sur l’État de l'Union devant le Congrès, Harry Truman définit la nouvelle politique stratégique américaine marquant ainsi le début des hostilités contre le camp socialiste et donc de la Guerre froide. Il s'agit d'endiguer le communisme dans le monde. (doc 1 p. 203). La doctrine Truman trouve rapidement une application concrète pour les pays européens avec le Plan Marshall (1948) puis la mise en place d'un vaste réseau d'alliances internationales (cf. carte et tableau page 200-201) qui cherchent à verrouiller le bloc communiste de tous les côtés. 1949 : Alliance atlantique, 1951 : ANZUS, 1954 : OTASE, 1955 : Pacte de Bagdad. Le containment implique parfois une intervention militaire. Il s'agit toujours de conflit par pays interposé : la possession de l'arme atomique par les deux superpuissances interdisant toute confrontation directe, les conflits ou tensions se reportent à la périphérie des blocs et se font par l'intermédiaire de pays (Allemagne, Corée, Cuba) : Blocus de Berlin (1948 - 1949) - Guerre de Corée (1950 – 1953) - blocus maritime sur Cuba (1962).
Contrairement à 1918-1919, l'opinion
publique américaine soutient une politique étrangère désormais
interventionniste. Le pays croit pouvoir accomplir sa « destinée
manifeste » qui consiste à répandre le modèle de civilisation
américain dans le monde (en particulier la démocratie libérale) et plus
seulement à l'échelle nationale ou continentale. Les États-Unis s'engagent
ainsi pour la première fois dans le monde en temps de paix pour des ambitions
qui ne sont plus seulement économiques.
B. Une puissance contestée mais finalement victorieuse (1962-1991)
1. Une puissance contestée
Sur le plan militaire l'URSS parvient à rattraper son retard dans la course aux
armements, à instaurer un équilibre de la Terreur et même à dépasser les EU
dans les années 1970. Dans le domaine scientifique, la conquête spatiale est
l'objet d'une lutte de prestige et l'URSS prend les États-Unis de vitesse dans
la course à l'espace : elle est la première à placer un satellite en orbite
(spoutnik 1957) ou à envoyer un homme dans l'espace (Gagarine en 1961)
Fuite d'un village bombardé au napalm, 1972 |
Dans
le domaine économique : les Etats-Unis sont obligés de mettre fin au système monétaire international en 1971 en raison de leurs difficultés financières sur fond de crise économique à partir de 1973.
Au sein de leur bloc, les Etats-Unis sont de plus en plus contestés. Le président De
Gaulle sort la France de l’OTAN en 1966. En Amérique latine, des mouvements révolutionnaires d'inspiration marxiste remettent en cause l'"impérialisme" américain dans leur chasse gardée américaine.
2. Les États-Unis, vainqueurs de la
Guerre froide (1980 – 1991)
L'élection
du républicain Ronald Reagan en 1980 marque un tournant. Sa politique agressive à l'égard de l'URSS se concrétise la reprise de la course aux armements : après
une pause dans les années 1970 à l'époque de la Détente : Reagan lance un
ambitieux programme baptisé Initiative de Défense Stratégique ou « guerre
des étoiles ». En URSS, l'arrivée au pouvoir en 1985 de
Mikhaïl Gorbatchev engage une politique de détente et de désarmement avec les EU n'empêchant pas la dislocation du bloc socialiste entre 1989 et 1991. La disparition de l'autre superpuissance laisse les EU sans rivaux. Ils sortent
vainqueurs de la Guerre froide car leur rival s'est
effondré.
La victoire des EU est aussi celle des
valeurs et d'un système : le libéralisme économique et le capitalisme
triomphent dans les années 1980 et 1990. Ils gagnent l'Europe de l'Est et la
Chine avant même les réformes politiques. La démocratie progresse quant à elle
en Amérique latine et Europe de l'Est. Néanmoins, les EU ont toujours une vision claire de leurs
intérêts et continuent à soutenir des régimes non-démocratiques lorsqu'ils
servent leurs intérêts, au Proche et au Moyen-Orient particulièrement.
C. La diffusion du modèle américain
La période de la Guerre
froide fut ainsi marquée par la mondialisation de la fascination à l'égard
du mode de vie américain (American way of life). Ce mode de vie
censé conjuguer liberté individuelle, égalité des chances, revenus élevés et
consommation de masse est proposé en modèle au monde entier. Il représente le « rêve américain », ce à quoi
aspirent des centaines de millions d'individus, dont les 15 millions
d'immigrés qui arrivent aux États-Unis entre le début des années 1960 et
1990 (cf. Dossier p. 192-193).
La
capacité de séduction extraordinaire du « rêve américain » est rendue
possible par le dynamisme culturel de la société américaine qui
s'exporte par le biais de biens matériels ou immatériels :
Voir étude diptyque
de Warhol p.207
Affiche de 1968 |
- Les
biens de consommation : cigarettes, Coca-Cola, jeans, burgers,...
- La
musique et ses interprètes : les EU sont à l'origine de tous les grands genres de la musique populaire du XXe siècle : jazz, blues, rock'n roll, soul, funk, disco, hip-hop, house,etc. notons au passage l’apport en particulier de la communauté
africaine-américaine à la musique.
- Le
cinéma hollywoodien et ses «stars». Les films hollywoodiens diffusent à la fois l'image d'un mode de
vie rêvé et sont aussi un instrument de la lutte contre le communisme. Les EU
ont parfaitement conscience du rôle joué par leur cinéma pour diffuser leur
modèle : en 1946, les accords Blum-Byrnes annulant une partie de la dette
française contractée pendant la guerre est conditionnée à la levée de
l'interdiction des films américains mise en place en 1939.
- Le prestige universitaire et
scientifique des grandes universités américaines (Harvard, Yale,
Princeton...) ; brain drain ; domination écrasante en
matière de Prix Nobel. Le premier alunissage par Apollo XI le 24 juillet 1969 redonne aux EU la primauté dans la course à l'espace.
III.
Les États-Unis depuis 1991, hyperpuissance ou puissance affaiblie ?
La disparition de l'URSS en 1991 place les EU en situation inédite d'"hypepuissance", c'est à dire une puissance complète sans rivale à sa mesure. D'un monde bipolaire on passe donc alors à un monde unipolaire avant que celui-ci ne soit remis en cause par le déclin relatif des EU dans les années 2000.
A. Les États-Unis et le nouvel ordre
mondial dans les années 1990
À la fin de la GF, les États-Unis
apparaissent comme les leaders d'un monde réunifié autour de la démocratie et
de l'économie libérale. Les États-Unis entendent (à nouveau) instituer un « nouvel
ordre mondial » fondé sur les valeurs libérales. Cette expression
est utilisée à de nombreuses reprises par le président républicain George Bush (1988 - 1992) pour désigner ce programme
cherchant à instaurer la sécurité collective sous leadership américain.
À la
chute de l'URSS, les États-Unis entendent
diffuser au monde entier le libéralisme économique en formant par exemple l'Accord de libre-échange
nord-américain (ALENA) en 1994 ou en favorisant la création de l'Organisation mondiale du commerce
(OMC) qui remplace en 1995 le GATT
Pendant la Guerre froide, l'ONU avait été
paralysée par l'utilisation intempestive du droit de veto par les deux
superpuissances. La fin de la Guerre
froide laisse espérer que l'ONU puisse enfin remplir la mission fondamentale
qui était la sienne. Le président G. Bush défend donc les principes du multilatéralisme,
c'est-à-dire une politique consistant à associer la communauté internationale
à des décisions et actions menées dans la concertation, principalement dans le
cadre de l'ONU. Dans ce contexte, au nom du droit et de la démocratie, renouant
en quelque sorte avec les idéaux wilsoniens, les États-Unis ont tenté de jouer
le rôle de « gendarmes du monde », de pacificateurs des
relations internationales sur tous les continents. Dès lors, les EU réalisent de
multiples interventions au nom du droit international seuls ou au sein d'une coalition : la guerre du Golfe (1991), Somalie (1993). Les Etats-unis font jouer aussi leur puissance diplomatique. En
1993, les accords d'Oslo signés à Washington font émerger l'espoir d'une paix entre Israéliens et Palestiniens. En 1995, les accords de Dayton mettent fin au conflit en Bosnie.
Cependant, les EU n'en défendent pas moins leurs intérêts tant sur le plan du hard power (par exemple en intégrant dans l'OTAN les anciens pays satellites de Moscou) que du soft power comme le théorise en 1990 Joseph Nye. Le rayonnement culturel américain trouve en effet de nouveaux relais dans les années 1990 avec le développement des NTIC largement dominées par les entreprises américaines (Microsoft et débuts d'internet avec AOL, Yahoo et bientôt Google).
En outre, certains signes témoignent d'une certaine forme d'évolution vers l'unilatéralisme : refus de ratifier le protocole de Kyoto sur le climat (en 1997) ; refus de
ratifier la convention sur la Cour Pénale Internationale (en 1998), bombardements de l'OTAN sans mandat de l'ONU en Serbie en 1999.
B. La puissance américaine face au terrorisme : un
unilatéralisme assumé
La période de l'après-Guerre froide se
termine brusquement le 11 septembre 2001. Ces attentats s’inscrivent dans une suite continue d’attaques jihadistes contre les
intérêts américains dans le monde depuis le début des années 1990. Cependant, les
attentats du 11 septembre organisés par Al-Qaïda et O. Ben Laden furent d’une toute autre ampleur par leur portée symbolique et médiatique :
-
Attaque du World Trade Center à New York, symbole de la suprématie économique
et financière américaine (Wall Street) ;
-
Attaque du Pentagone à Washington, symbole de la suprématie militaire
américaine (département de la Défense)
Les
attaques précipitent un changement radical en matière de politique étrangère.
Elles sont qualifiées d’« actes de guerre » par le président
républicain George W. Bush (2000 - 2008) qui déclare une « guerre à la
terreur » et fait de la sécurité nationale
l'enjeu primordial de la politique américaine. Par ailleurs, George W. Bush
définit un « axe du Mal » regroupant des
États dits « voyous » (rogue states) comme la Corée du Nord,
l'Iran, l'Afghanistan et l'Irak.
Les
deux mandats de George W. Bush (2000 - 2008) sont ainsi caractérisés par l'unilatéralisme
de la politique étrangère américaine. Il s’agit pour Washington de
défendre les intérêts nationaux américains sans attendre l'approbation de l'ONU
et de la communauté internationale. Les États-Unis s'engagent ainsi dans deux guerres :
- Intervention sous
mandat de l'ONU en Afghanistan à partir d'octobre 2001 jusqu'en 2014 : plus long engagement militaire des E-U.
- Intervention
« préventive » sans mandat de l'ONU en Irak au printemps 2003 pour renverser Saddam Hussein et l'empêcher de se doter d'« armes de destruction massive » qui
n'existaient pas en réalité. Il s'agit aussi de sécuriser la région du monde la
plus riche en pétrole et de remodeler démocratiquement un « Grand Moyen
Orient », du Maroc au Pakistan (théorie du Nation building)
L'image des E-U défenseurs du monde libre est alors fortement écornée par les violations du droit de la guerre relatif au traitement des prisonniers de guerre (prisons de Guantanamo, Abu Graib) mais aussi par les pouvoirs étendus accordés aux agences fédérales de renseignement (Patriot Act). L'antiaméricanisme
se développe, particulièrement dans les sociétés musulmanes.
C. Une puissance affaiblie depuis 2008
En 2008, le démocrate Barack Obama est élu et sa popularité hors des EU redonne une image positive à l'Amérique. Le mandat de B. Obama a globalement tenté de restaurer
dans le monde l'image des EU, très écornée dans la décennie 2000. Obama
privilégie le multilatéralisme : il accorde plus d'importance à la
diplomatie en général, à l'ONU, aux négociations sur le développement durable
et à la gouvernance économique mondiale. Il préside au retrait des troupes
d'Irak (2011) et décide du retrait d'Afghanistan (2014). Le discours du Caire, prononcé en juin 2009, rejette l'idée d'un
« choc des civilisations » et tente de renouer le dialogue avec
l'Islam. B. Obama soutient les
révolutions du « printemps arabe » (2010 - 2012) et favorise la
résolution du problème du programme nucléaire iranien (accord de juillet 2015), signe les accords de Paris sur le climat (COP21) et renoue des relations diplomatiques avec Cuba (2016).
Mais les États-Unis veulent conserver leurs
moyens d'action : exécution de Ben Laden en mai 2011 sans procès ni
concertation avec leurs alliés ; utilisation à grande échelle de drones
pour éliminer leur ennemis. Par ailleurs, les dépenses militaires américaines
restent impressionnantes : en 2014, les États-Unis ont dépensé 661
milliards de dollars, soit près de 4 % de leur PIB. Cela représente plus
de 43 % des dépenses militaires mondiales.
Ces
réussites ne sont pas parvenues à enrayer la grave crise économique. Déclenchée par des
produits financiers liés au crédit immobilier, la crise des subprimes de 2008-2012 a plongé une grande partie des pays industrialisés dans la récession. Elle révèle les fragilités de l'économie américaine caractérisées par une balance commerciale structurellement déficitaire, un endettement important à l'égard de puissances rivales (notamment la Chine). Aucun pays du monde (et surtout pas la Chine) n'a cependant intérêt à voir
s'écrouler l'économie des États-Unis qui reste toujours le moteur de l'innovation technologique. Le pays, malgré l’érosion de sa puissance
économique, demeure la seule puissance globale.
La politique étrangère des EU a donc oscillé entre tendances isolationniste et interventionniste mais la tendance sur le long terme a été malgré tout une stratégie de déploiement dans toutes les composantes de la puissance. Première puissance économique, première puissance militaire, première puissance culturelle, première puissance scientifique, première puissance sportive, etc. les EU sont parvenus à s'élever comme première puissance globale au cours du XXe siècle. Le leadership moral acquis grâce à la victoire sur les totalitarismes nazi et soviétique est cependant aujourd'hui ébranlé en raison de la dérive unilatéraliste suivie depuis la fin des années 1990 et contraire aux idéaux wilsoniens affichés en 1918. C'est là sans doute le vertige de l'"hyperpuissance". Les signaux envoyés par l'administration Trump depuis 2017 sont à cet égard inquiétants et ont tendance à accentuer la défiance internationale à l'égard des EU, y compris chez leurs alliés traditionnels désormais qualifiés d'ennemis économiques au même titre que la Chine ou la Russie. C'est une occasion en or pour la Chine de développer plus rapidement encore sa stratégie de puissance et s'ériger comme superpuissance à-même de rivaliser avec les EU. Est-ce là l'annonce d'une nouvelle guerre froide ?
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