mardi 7 janvier 2020

Le PO et le MO foyer de conflits depuis 1918

En vert les éléments à éliminer en cas de sujet "Le PO et le MO foyer de conflits depuis 1945"

Pour lire ce cours, je vous invite à écouter en accompagnement musical :

 Le trio Joubran, oudistes palestiniens :


Depuis sa défaite en 1918 puis la disparition de l'Empire ottoman en 1922, le Proche et Moyen Orients sont en proie à de multiples tensions débouchant sur des guerres dont la complexité est d'autant plus grande que leurs causes sont multiples. Les deux expressions ne sont pas synonymes : celle du Proche-Orient intègre les pays qui ont une façade méditerranéenne (Syrie, Liban, Israël et les territoires palestiniens, Turquie et Égypte). Le Moyen Orient (Middle East) est une délimitation commune à la géographie anglo-saxonne (anglaise puis surtout américaine) plus vaste, englobant le PO, pour désigner une zone médiane entre Proche et Extrême-Orient, centrée sur le Golfe persique : de la Turquie à la pointe sud de la Péninsule arabique, de l’Égypte à l'Iran, auxquels on ajoute parfois le Pakistan et l'Afghanistan. 

Le PO et le MO constituent aujourd'hui ce qu'en géopolitique on appelle un « point chaud » du globe, au coeur de « l’arc des crises »  : c'est l'une des principales zones de conflictualité de la planète, depuis l'effondrement de l’Empire ottoman après la 1e GM  et plus encore depuis la fin de la 2e GM. Dans cette zone de conflits permanents, les enjeux et les facteurs de tensions sont très nombreux.
Pbtique  : Quels facteurs font de la région un foyer particulier de conflits ?


I. Les conflits liés aux ressources

Le Moyen-Orient abrite les principales réserves d'hydrocarbure au monde, ce qui en soit constituent une cause majeure de conflits mais d'autres ressources sont également convoitées.

A. Une position stratégique

La situation du MO est stratégique et en fait de longue date une région à contrôler : carrefour entre la Méditerranée et l'Océan indien, à la jonction de trois continents (Europe, Afrique et Asie). La construction d'un canal sur l'isthme de Suez, terminé en 1869 achève d'en faire une région-clé pour le commerce maritime international. Pendant la 2e GM, l'Egypte est un terrain d'affrontement entre Britanniques et forces de l'Axe qui cherchent à couper cet axe vital pour l'effort de guerre britannique. L'un des tournants de la guerre se joue à la bataille d'El-Alamein en 1942 où l'armée britannique repousse l'Afrikakorps du général Rommel.
En 1956, le colonel Nasser qui souhaite redonner à l’Egypte le contrôle sur ses ressources et financer la construction du barrage d’Assouan nationalise le canal de Suez principalement détenu par des capitaux britanniques et français. Pour défendre leurs intérêts, les Français, Anglais montent une expédition militaire en octobre 1956, aidés des Israéliens mais l’ONU, les EU et l’URSS  condamnent la France et la GB et leur imposent le retrait. C’est donc une victoire diplomatique pour Nasser et une déconvenue pour les puissances européennes qui sont définitivement évincées du Moyen-Orient au profit des Etats-Unis et de l’URSS. En 1967, à l’issue de la guerre des Six jours, Israël occupe la rive droite du canal qui est fermé à la navigation pendant huit ans obligeant les navires à contourner l’Afrique par le cap de Bonne Espérance.
Avec l’explosion du commerce maritime en lien avec la mondialisation, les points de passage du commerce maritime ont vu leur importance stratégique se renforcer et par là devenir des causes de conflits ou de tensions. Dans les années 2000 par exemple, le golfe d’Aden a connu une extension de la piraterie maritime en raison la crise économique et politique en Somalie menaçant le commerce maritime entre l’Asie et l’Europe (voir cours Espaces maritimes).

B. La ruée vers l’or noir

La découverte d'hydrocarbures au MO au début du XXe siècle a considérablement renforcé l’enjeu stratégique de la zone. La région fournit 30 % de la production mondiale mais elle détient 60 % des réserves de pétrole conventionnel et 40 % du gaz. L'exploitation des hydrocarbures fait depuis un siècle l'objet d'une concurrence acharnée entre les grandes puissances. Avant la guerre, les majors occidentales (principales compagnies du pétrole occidentales) se partagent les gisements (accords d'Archnacarry en 1928). Depuis 1945, les Etats-Unis assurent leur approvisionnement en pétrole par des alliances avec les pays producteurs du MO notamment l’Arabie Saoudite avec laquelle ils ont signé le pacte du Quincy (accès privilégié au pétrole saoudien contre protection militaire) en 1945 et renouvelé en 2005.
Après les indépendances des pays du MO et la 2GM, la question du contrôle de l'exploitation du pétrole devient essentielle pour les États du MO. En 1960, l'Iran, l'Irak, l'AS et le Koweït fondent l'OPEP pour peser sur les cours mondiaux du pétrole maintenus artificiellement très bas par les majors. En octobre 1973, lors de la guerre isréalo-arabe, l'OPEP utilise le pétrole comme arme stratégique contre Israël et les EU : c’est le choc pétrolier et les prix sont brutalement multipliés par 4.  Le prix du pétrole est un moyen de guerre économique entre les puissances productrices.
Le pétrole est un enjeu majeur dans les conflits de la seconde moitié du XXème siècle, à toutes les échelles. Exemple des guerres du Golfe : en août 1990, l'Irak attaque le Koweït pour s'approprier ses ressources en pétrole et les EU (et l'ONU) interviennent en février 1991 pour sécuriser et contrôler l'approvisionnement en pétrole dans le Golfe. La guerre de 2003 est également liée à des intérêts pétroliers même si la guerre est officiellement déclenchée pour d'autres raisons.

C. L’enjeu hydrique

Les ressources en eau au Moyen-Orient sont rares et inégalement réparties. Les grandes concentrations de population se situent près des grands fleuves (Tigre, Euphrate, Nil, Jourdain) qui font donc l’objet d’un intérêt immense. 
De plus, la pression démographique importante multiplie les besoins domestiques, urbains et agricoles en eau.  Deux exemples de tensions hydriques majeurs :
- Entre la Turquie et les pays de l'aval : les eaux du Tigre et surtout de l'Euphrate sont un facteur de tensions dans la région car le débit du fleuve à son entrée en Syrie et en Irak est insuffisant pour les besoins de pays connaissant une telle explosion démographique. On estime que le GAP ("Projet de l’Anatolie du Sud-Est" en turc, consistant à construire une vingtaine de barrages en Turquie) a fait diminuer le débit du fleuve de 40 % à son entrée en Syrie ainsi que sa qualité (nitrates, sel). Le GAP a également une visée politique. Il s’agit pour Ankara de régler la question kurde et ses velléités indépendantistes : le GAP doit en effet permettre d’améliorer le niveau de vie de la région (inférieur de 43% à la moyenne nationale) mais aussi à concentrer, donc mieux contrôler, les habitants dans de gros bourgs en vidant les villages inondés par les lacs de retenue.
- Entre Israël et la Palestine : la dimension économique et la question de l'eau sont cruciales et pourtant très méconnues dans ce conflit : la guerre de 1967 éclate ainsi sur un fond de tensions liées à l’eau. La Jordanie, la Syrie et le Liban entreprenaient en effet des travaux de détournement du Jourdain. Depuis 1967, Israël contrôle le plateau du Golan où le Jourdain prend sa source permettant ainsi d'assurer son approvisionnement en eau.

II. Les conflits nationaux et territoriaux

A. Une mosaïque ethnique et religieuse partagée par des frontières artificielles

La région est une mosaïque complexe de peuples qui ont souvent été rivaux au cours de l’histoire. Trois grands peuples composent l’essentiel de la population du MO : les Arabes (190 millions), les Perses (ou Iraniens, 65 millions), les Turcs (60 millions) . L’existence de trois grands groupes ethnolinguistiques ne doit pas faire oublier la présence d’autres peuples plus minoritaires. Les Kurdes (entre 25 et 30 millions) forment une minorité présente dans 4 pays (la plupart en Turquie, le reste en Syrie, Irak et Iran). Ce peuple n’a pas obtenu d’État après le redécoupage de la région après la 1GM et les Kurdes sont régulièrement victimes de discriminations, voire de persécutions notamment en Turquie où leur particularisme culturel constitue pour le pouvoir turc une menace pour l’unité turque (lutte contre le PKK, parti indépendantiste kurde) mais également en Irak sous Saddam Hussein ou aujourd’hui avec l’Etat islamique. Carte p. 258 : les Juifs en Israël sont quant à eux 5,5 millions. La présence de la plupart d’entre eux  résulte d’une immigration juive récente en Palestine qui commence au début du 20ème siècle (mouvement sioniste), s’accélère dans l’entre deux guerres et culmine après la 2GM avec la création de l’État d’Israël.
Très souvent, les tensions et conflits ont pour point de départ l'instabilité des frontières. Les frontières sont  issues d’un découpage colonial souvent effectué en fonction des intérêts stratégiques des puissances coloniales et sans tenir compte les réalités humaines, économiques ou historiques. Les accords Sykes-Picot de 1916 entre la GB et la France en sont l’illustration et préparent la division du MO lors de la défaite de l’Empire ottoman au terme de la 1eGM. Modifiées à de nombreuses reprises depuis leur création, elles morcellent la région et sont souvent discutées et disputées.
Le principal conflit frontalier est sans doute la Guerre Iran-Irak de 1980 à 1988 déclenchée par l'Irak de Saddam Hussein qui cherchait à profiter la situation politique troublée en Iran suite à la Révolution de 1979 et ainsi modifier les frontières contestées entre les deux pays (notamment la rive gauche du fleuve Chatt-el-Arab). 
Autres conflits frontaliers : Turquie/Chypre, Irak/Koweït (un des enjeux de l'invasion du Koweït en 1990), Syrie/Liban.

B. Du conflit israélo-arabe...

Le conflit israélo-palestinien est le plus ancien conflit territorial de la région. Ce conflit résulte du projet sioniste, mouvement politique fondé à la fin du XIXe siècle visant à la création d’un Etat juif en Palestine majoritairement arabo-musulmane. En novembre 1947, l’ONU prévoit un plan de partage de la Palestine avec deux États indépendants : cf. doc. 1 page 265 gauche : un État juif (50 % des terres) et un État palestinien arabe (43 % des terres). Ce plan est rejeté par les Arabes mais les Juifs l’acceptent et  proclament l’État d’Israël, le 14 mai 1948, immédiatement reconnu par les grandes puissances (États-Unis et URSS). S’en suivent de nombreux conflits israélo-arabes car la question palestinienne mobilise l’ensemble des pays arabes voisins et renforce le panarabisme. Le premier conflit de mai 48 à janvier 49 voit la victoire d’Israël et la disparition de la Palestine absorbée par l’Etat juif mais aussi par l’Egypte et la Jordanie. 
Guerre des Six Jours en 1967
L’expansion territoriale d’Israël est renforcée à l’issue de la guerre des Six jours en juin 1967 déclenchée par Israël en riposte au blocus égyptien sur le détroit de Tiran en 1967, l’armée israélienne occupe des territoires où la population est principalement arabe. L’ONU adopte la résolution 242 en novembre 1967 qui réclame l’évacuation des territoires occupés.
La Guerre d'Octobre 1973, attaque surprise des pays arabes et contrée par Israël constitue le dernier conflit israélo-arabe; le conflit devenant par la suite un conflit proprement israélo-palestienien suite au désengagement progressif des pays arabes qui normalisent pour certains leurs relations avec Israël, notamment l'Egype suite aux accords de Camp David en 1978.











C. ...au conflit israelo-palestinien

Le conflit israélo-palestinien s’exporte par le biais du terrorisme palestinien mais aussi dans le Liban voisin en raison de l’afflux massif de réfugiés palestiniens dans ce petit pays où les équilibres éthnico-religieux sont fragiles. Israël intervient en 1982 dans la guerre civile du Liban qui a débuté en 1975. C'est le premier affrontement direct avec les Palestiniens, acteurs finalement secondaires des guerres précédentes. 
La poursuite de la colonisation des territoires occupés et les tensions entre population arabe et juive débouchent en 1987 sur une révolte de la jeunesse palestinienne  : c’est l’Intifada ou guerre des pierres. L’OLP de Yasser Arafat tente de récupérer ce mouvement spontané, mais elle est concurrencée par les islamistes, en particulier le Hamas, créé en 1988, qui se réfère à un islam intégriste entraînant ce conflit jusque-là national dans une dimension religieuse. Si en 1993 les accords d’Oslo permettent la création d’une Autorité palestinienne sur la Cisjordanie et la bande de Gaza en échange d’une reconnaissance par l’OLP d’Israël, les extrémistes religieux des deux camps refusent toute concession. Le Hamas poursuit les attentats contre Israël qui en retour soutient la colonisation de la Cisjordanie, impose un blocus des territoires palestiniens et intervient par la force armée de manière souvent disproportionnée. Le conflit reprend ainsi dans les années 2000 (deuxième Intifada, construction d’une barrière de séparation entre Israël et la Cisjordanie à partir de 2003, opération "plomb durci" en 2008-2009 à Gaza faisant près de 900 victimes civiles côté palestinien). 
Mur de séparation de la Cisjordanie 

Pour aller plus loin, le site de l'INA propose un parcours pédagogique à base de vidéos d'archives ICI

III. Des conflits aux motivations idéologiques

Le Moyen-Orient est enfin en proie aux divisions liées aux conflits idéologiques exogènes (Guerre Froide par exemple) mais aussi endogènes (conflits religieux, islamisme).

A. Le MO au coeur de la Guerre froide

Pendant la GF, la région n’échappe pas aux rivalités Est-Ouest même si Nasser, avec la plupart des dirigeants des pays du MO désormais indépendants, participe en avril 1955 à la conférence de Bandung en Indonésie, qui marque la naissance des pays non alignés : un ensemble de pays récemment indépendants proclamant leur neutralité théorique dans la Guerre froide. Les pays du PO et du MO sont donc officiellement non alignés pour la plupart d’entre eux.
  En réalité, dans le contexte de Guerre froide, toute la région tombe sous l’influence rivale des États-Unis et de l’URSS. Tous les États du MO sont en fait plus ou moins directement dans la zone d’influence de l’une ou l’autre des deux superpuissances, et les équilibres se modifient parfois avec le temps.
              - L’URSS s’appuie d’abord sur l’Égypte de Nasser qu’elle aide finalement à construire le barrage d’Assouan et qu’elle équipe militairement, puis sur l’Irak et la Syrie où le parti Baas inspiré par le socialisme arabe a pris le pouvoir (63 pour la Syrie et en 68 en Irak). Elle soutient activement les Palestiniens dans leur lutte contre Israël. À partir de 1978, l’Afghanistan devient communiste ce qui conduit l'URSS à intervenir militairement dans le pays de 1979 à 1989. En 1980 en revanche, l’Irak et l’Égypte se rapprochent des EU.
              - Les États-Unis, dès 1945, remplacent l’influence britannique dans la région et pratiquent aussi au MO la politique du containment : ils soutiennent l’Iran et la Turquie limitrophes de l’URSS, y disposent de bases militaires et encerclent ainsi l'ennemi soviétique par le sud. La Turquie est d’ailleurs très tôt intégrée à l’OTAN, en 1952. En 1958, les US rejoignent le Pacte de Bagdad conclu 3 ans plus tôt entre la GB, l’Iran, l’Irak (qui se retire en 59 après le renversement de la monarchie), la Turquie et le Pakistan visant à contrer l’influence croissante de l’URSS dans la région.  C’est au nom de la lutte contre le communisme que les EU soutiennent les moudjahidines afghans en lutte contre l’URSS après l’invasion soviétique en 1979.

B. Une région soumise aux tensions liées à la diversité religieuse

Le Moyen-Orient est le berceau des trois grandes religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Les musulmans sont de très loin les plus nombreux et l’on trouve dans la région les principaux lieux saints de l’Islam. Cependant les musulmans se divisent en deux grands courants le sunnisme qui est la branche majoritaire avec 90 % environ des croyants et le chiisme est la branche minoritaire de l’islam qui regroupe environ 10 % des musulmans mais majoritaire en Iran et dans une moindre mesure en Irak et Yémen. Les tensions entre l’AS et l’Iran relèvent ainsi non seulement d’une dimension géopolitique (influence au MO) et économique (production de pétrole) mais aussi religieuse entre un pays qui se veut le leader de l’Islam sunnite (dans sa version wahabite/salafiste) et le leader de l’Islam chiite. Le renversement du régime de Saddam Hussein à l’occasion de l’intervention armée des EU en 2003 a réveillé les tensions interreligieuses en Irak entre sunnites et chiites et fait exploser le pays tout en favorisant l’émergence de l’EI/Daesh, de tendance sunnite radicale en guerre contre le nouveau régime chiite au pouvoir à Bagdad. Depuis 2015 la guerre civile au Yémen oppose les rebelles chiites houtis soutenus par l'Iran aux forces gouvernementales soutenues par l'Arabie saoudite.                      
Carte p. 258 : Les chrétiens constituent une minorité de 10 millions de personnes environ.
La Guerre civile au Liban de 1975 à 1990 a opposé les chrétiens et les musulmans libanais et réfugiés palestiniens. La survie de certaines de ces communautés est menacée par les troubles politiques des années 2000 – 2010 : c’est particulièrement le cas des chrétiens d’Irak et de Syrie qui font les frais de la guerre civile et sont régulièrement décimés. 
Les juifs étaient autrefois dispersés dans tout le Moyen-Orient mais ont fait l'objet de persécutions avec la montée de l'antisionisme qui s'est mué hors de Palestine en antisémitisme (Farhoud en 1941 : massacres des Juifs irakiens à Bagdad par exemple). Les Juifs sont désormais réunis pour une très grande majorité d’entre eux dans les frontières d’Israël (5,5 millions). Il en reste une petite communauté en Turquie (50 000 personnes) et en Iran (20 000 personnes, en réduction constante depuis la Révolution islamiste de 1979). Le conflit israélo-palestinien a pris une dimension de conflit religieux avec l’influence croissante des mouvements religieux radicaux dans les deux camps : juifs orthodoxes soutenant la colonisation des territoires occupés et le Hamas qui refuse de reconnaître Israël et soutient l’action terroriste.       


  1. C. L'installation de l’islamisme djihadiste déstabilise la région

L’islamisme est une doctrine politique qui veut faire de l'islam le fondement idéologique de la vie politique et sociale, ainsi que de la législation du pays (application de la loi islamique, la charia). 
  C'est en opposition au modèle laïque, modernisateur d’inspiration occidentale que l'islamisme s'est constitué puis renforcé : l'association des Frères musulmans est fondée en Egypte en 1928.
Les islamistes apparaissent comme des forces de contestation des régimes autoritaires et critiquent l'éloignement des modes de vie et des valeurs de la religion traditionnelle. Ils reprochent aussi aux régimes en place de laisser trop de place à l'influence étrangère (occidentale ou soviétique). L'islamisme se renforce dans les pays arabes à partir des années 1970 car les régimes autoritaires ont globalement échoué à enrayer la pauvreté et à favoriser un développement profitable à tous. L’assassinat du président égyptien Anouar el Sadate en 1981 par un Frère musulman illustre cette opposition entre deux modèles.
   La « Révolution islamique » en Iran en 1979 constitue un renversement politique et géopolitique majeur qui traduit bien l'affirmation de la doctrine islamiste dans la région : une République islamique est fondée. Il s'agit d'une théocratie qui se construit en réaction aux valeurs occidentales et remet en vigueur la charia. La répression est impitoyable (Kurdes, militants de gauche, non musulmans et musulmans qui n’observent pas la loi coranique). En politique extérieure, la Révolution islamique marque un changement de cap total : les États-Unis (le « Grand Satan ») deviennent l'ennemi de principal de l’Iran. En novembre 1979, la prise en otage du personnel de l’ambassade américaine de Téhéran traduit ce renversement.
L’islamisme se diffuse à partir des années 1980 au Moyen-Orient et dans le reste du monde musulman. La doctrine wahabite ou salafiste en vigueur en Arabie Saoudite, particulièrement rigoriste en matière religieuse, inspire aujourd’hui le jihadisme en guerre contre de nombreux régimes arabes mais aussi contre l’Occident.
- L'Afghanistan fut (et reste) une pépinière pour les mouvements islamistes qui en font une terre de jihad dans les années 1980 pour lutter contre l’occupation soviétique. Les Talibans y triomphent en 1996 et instaurent un régime fondamentaliste très rigoriste. Ils ont été chassés du pouvoir par l’intervention américaine en 2001, mais restent toujours très influents. 
- La diffusion du djihadisme peut reposer sur des réseaux criminels qui utilisent le terrorisme. Le plus célèbre d'entre eux est Al-Qaïda (la base) fondé par Ben Laden en 1987. Dans les années 1990, les États-Unis deviennent l’ennemi numéro un, accusés de mener une « croisade » contre l'islam. Les attentats du 11 septembre 2001 marquent pour la région un tournant dans la mesure où les Occidentaux interviennent directement au nom de la lutte contre le terrorisme et pour l’instauration de la démocratie. Si les régimes des talibans et de Saddam Hussein sont effectivement renversés, la transition démocratique n'est pas assurée. Certes, Al-Qaïda est considérablement affaibli depuis la mort d’Oussama Ben Laden en 2011, mais d’autres organisations terroristes concurrentes prennent le relais. A partir de 2014, un nouveau groupe, Daesh,  ambitionne de créer un "califat" à cheval sur l’Irak et la Syrie grâce au chaos engendré par la guerre en Irak et par la guerre civile en Syrie depuis 2011.Si les nombreux attentats menés en Occident depuis 2015 témoignent de  la capacité de nuisance de Daesh, rappelons tout de même que les principales victimes du terrorisme islamiste sont les populations arabes elles-mêmes soumises à leur domination (chrétiens, chiites, kurdes étant particulièrement menacés). En mars 2019, le dernier territoire aux mains de Daesh est tombé mais l’idéologie est toujours là et s’est exporté sur d’autres territoires en Europe, Afrique et Asie. 



Aujourd'hui, le Moyen-Orient est plongé dans un chaos et les guerres actuelles en Syrie, Irak et au Yémen qui s'ajoutent à l'interminable conflit israélo-palestinien font des milliers de victimes et jettent des millions de familles sur les routes périlleuses de l'exil. La multiplicité des facteurs de conflits dans la région, les intérêts divergents des puissances régionales et occidentales qui protègent leurs intérêts économiques et stratégiques constituent un véritable ferment de guerres et donc de malheurs. La communauté internationale, divisée, semble dès lors bien démunie pour établir la paix alors que les conflits moyen-orientaux s'exportent désormais au coeur même des grandes capitales européennes. 

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