lundi 16 mars 2020

La mondialisation en fonctionnement

Ce chapitre peut faire l'objet de différents sujets au bac : 

3 sujets de composition : 

- En vous appuyant sur le cas du produit mondialisé étudié dans l’année, présentez les processus, les flux et les acteurs de la mondialisation
- la mondialisation : processus, acteurs, débats ;
- la mondialisation : processus, acteurs, flux, mobilités et réseaux.

Selon le sujet il convient donc d'adapter le plan du cours et d'éliminer les parties non utiles (par exemple le premier sujet et le dernier sujet n'intègrent pas les débats (I.B. du plan auquel cas les parties I.A.1, I.A.2 et I.A.3 deviennent I.A, I.B et I.C)
Seul le premier sujet s'appuie sur l'étude de cas (en rosé dans le cours ci-dessous), cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas citer l'exemple de l'iphone dans les deux autres sujets mais qu'il faut moins le faire et diversifier les exemples).

1 croquis : "Pôles et flux de la mondialisation"

et une étude critique d'un ou deux documents 






Au XVIIIe siècle déjà, Montesquieu remarquait qu' "à présent l'univers ne compose presque qu'une nation" signifiant par là que le processus d'intégration croissante des différentes parties du monde était déjà engagé. Pour autant, la notion de mondialisation ne s'est imposée que dans la deuxième moitié du XXe siècle à mesure que le progrès technologique et la libéralisation des échanges dans le cadre du système capitaliste permettaient une explosion des flux de différentes natures et la mise en relation des différentes parties du monde. Parce qu'elle s'étend à l'échelle de la planète, qu'elle intègre une multiplicité d'acteurs agissant à différentes échelles, la mondialisation est un phénomène géo-économique complexe à analyser. Pour l'étudier, nous partirons donc d'un cas concret de produit mondialisé, l'Iphone d'Apple, qui servira d'exemple tout au long de ce chapitre (en rose dans le cours ci-dessous). 


Malgré les critiques récurrentes à l'égard de la mondialisation parfois associée à une forme de désorganisation ou dérégulation, ne peut-on pas au contraire dégager des règles de fonctionnement permettant de mieux comprendre ce phénomène ? 

I. La mise en relation du monde : processus et débats 

A. Un processus évolutif

1. La généralisation du libre-échange...

Pour le géographe Laurent Caroué, la mondialisation constitue une « généralisation progressive du capitalisme ». D'abord portée par les pays du bloc occidental pendant la Guerre froide (GATT en 1947 mais aussi instauration du marché commun européen en 1957), la chute du bloc socialiste à partir des années 1980 et l'ouverture de la Chine au commerce international (voir cours Histoire) vont permettre le décloisonnement du monde et la généralisation du libre échange. Ainsi l’OMC, chargée de réguler le commerce international en favorisant la libre concurrence, créée en 1995, compte aujourd’hui 164 pays. Rares sont les pays se soustrayant donc aux principes du libre échange (principalement localisés en Asie centrale et en Afrique septentrionale). On constate ainsi une certaine concordance entre la carte des pays membres de l'OMC et la carte de distribution de l'iphone, celui-ci étant absent des pays non-membres de l'OMC comme l'Iran ou l'Algérie et qui pourraient constituer pourtant des marchés de consommation pour ce produit. La libéralisation concerne aussi le secteur financier qui a été fortement dérégulé à partir des années 1980. 
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Les pays membres de l'OMC
2. ...et la révolution des transports et des télécommunications...

L'iphone est assemblé en Chine à partir de composants venus des différents continents mais vendu ensuite en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Sa fabrication dépend de l'acheminement des composants vers Shenzhen et Zhengzhou puis ensuite du transport du produit fini pour la commercialisation. La mondialisation repose sur une baisse du temps et des coûts du transport de marchandises permettant l'intensification des flux. Dans le cas de l'Iphone, lors de la sortie d'un nouveau modèle, le transport se fait par avion cargo (environ 10€/kg pour une dizaine d'heures de vol) pour rapidement fournir les points de vente. Le reste du temps, lorsque les délais sont moins urgents, le transport se fait par bateau et le coût tombe à 2€/kg pour une vingtaine de jours entre la Chine et l'Europe. La chute des coûts et du temps de transport est liée à la révolution du conteneurs inventés en 1956 et qui se généralisent dans les décennies suivantes. Les 3/4 du commerce mondial de marchandises est réalisé par voie maritime transitant par de grands ports multimodaux (Shanghaï, Singapour, Rotterdam,...) permettant le chargement et déchargement rapide et automatisé des marchandises. Dans le secteur aérien, la mise au point d’avions à grande capacité (B747, A380), les gains de productivité réalisés par les compagnies à bas coût ou par le développement des hubs aéroportuaires ont permis une intensification du transport aérien.
Le développement des télécommunications grâce aux satellites et aux câbles sous-marins ont également favorisé le processus de mondialisation. Pour les entreprises, elles permettent d’envoyer rapidement des ordres dans leurs divers sites de production. La téléphonie mobile incarnée par l’iphone symbolise la démocratisation des télécommunications puisque aujourd’hui on compte 98 cartes mobiles pour 100 habitants sur la Terre favorisant les flux d’informations à l’échelle mondiale.

3.... favorisent la généralisation de la DIT

La division internationale du travail constitue un éclatement géographique de la chaîne de valeurs de nombreux produits manufacturés mais aussi de services et associe des territoires souvent très éloignés grâce aux progrès du transport de marchandises et des télécommunications. Cette DIT repose sur la dissociation géographique des tâches de conception (généralement dans les pays développés ou émergents), d'extraction des matières premières (généralement issues de pays du Sud), d'assemblage (dans des pays-ateliers à bas-coût comme la Chine, l'Asie du Sud-est,...) et de distribution vers les marchés de consommation (principalement au Nord+émergents). Elle cherche à tirer bénéfice des avantages comparatifs offerts par ces différents territoires. La conséquence de la DIT est la multiplication des flux de marchandises en raison de l'éclatement géographique du processus de fabrication. Le rôle pivot joué par la Chine dans les chaînes de valeur de nombreux produits ainsi que l'importance prise par les TIC dans les chaînes logistiques définissent la nouvelle division internationale du travail. 

Le cas de l'Iphone est un exemple de division internationale du travail. Basée à Cupertino dans la Silicon Valley (direction, conception & innovation, stratégie marketing), Apple fait assembler l'Iphone en Chine (traditionnellement à Shenzhen mais Foxconn est en train de déménager la production à l'intérieur du pays à Zhengzhou et prospecte en Inde où la main d'oeuvre est moins chère) par un entreprise taïwanaise en intégrant des composants venus des E-U, d'Allemagne, de Chine, de Corée du Sud et du Japon utilisant des matières premières (métaux précieux, "terres rares" en Afrique, Australie, Chine). L'Iphone est ensuite transporté vers les principaux marchés de consommation (E-U, UE, Japon, Corée du Sud, Chine mais l'entreprise est en train de s'implanter dans les marchés émergents comme le Brésil, l'Afrique du Sud ou le Moyen-Orient)



B. Une mondialisation qui pose problèmes

La mondialisation soulève cependant de nombreuses critiques en raison des conséquences parfois négatives qu'elle génère. 

1. Les problèmes sociaux 

En 2010, une enquête sur les usines Foxconn révèle au monde entier les conditions de travail scandaleuses des ouvriers et embarrasse fortement Apple. On découvre ainsi que les ouvriers travaillent plus de 60h/semaine (contre 49h légales en Chine) et sont payés en dessous du salaire minimum. On relève aussi des cas de travail d'enfants de moins de 15 ans mais aussi un nombre élevé de suicides au travail (21 cas entre 2009 et 2010). 
Cette affaire met en lumière les problèmes posés par la division internationale du travail qui s'appuie sur les différences en matière de réglementation du travail selon les pays. Les conditions de travail dans les pays en développement sont régulièrement dénoncées en raison de la faiblesse des salaires, du recours au travail infantile ou des conditions de sécurité. A l'inverse, les délocalisations frappant les industries des pays développés alimentant le chômage ou une stagnation des salaires attisent une certaine hostilité à l'égard du libre-échange. 
C'est pour cela que se développe des labels éthiques tels que le commerce équitable qui aident les consommateurs à orienter leur consommation vers des produits éthiquement responsables. 

2. Les problèmes environnementaux 

La DIT implique également une hausse des émissions de gaz polluants en raison de la multiplication des trajets liés au transport. Avec 25% des émissions mondiales de carbone, le secteur des transports est le deuxième plus gros émetteur mondial derrière la production énergétique. L'empreinte écologique de l'Iphone est souvent pointée du doigt : usage de ressources rares et non renouvelables (terres rares), transport, consommation d'énergie, absence de politique de recyclage, obsolescence programmée. La question écologique est par définition mondialisée car les enjeux (réchauffement climatique, pollution des mers et des océans, épuisement des ressources naturelles) concernent l'ensemble de l'humanité au-delà des frontières nationales et impliquent une action concertée à l'échelle mondiale (COP 21 par exemple). 

3. Vers une uniformisation culturelle ? 

L'Iphone s'est vendu à plus de 500 millions d'unités depuis son lancement en 2007. C'est un bien de consommation de masse diffusé sur plusieurs continents. Le marketing d'Apple est d'ailleurs "dé-territorialisé" en mettant en avant l'objet ou des personnes impossibles à identifier socialement ou géographiquement traduisant ainsi une forme d'uniformisation culturelle. Les Applestores agencés de manière similaire dans les différentes villes où ils sont implantés illustre aussi une certaine standardisation souvent associée à la mondialisation. Dans ce domaine est souvent pointée du doigt une certaine forme d'alignement sur les standards culturels occidentaux et en particulier américains en raison de la capacité des EU à diffuser son modèle culturel. Cette standardisation se traduit par une standardisation des pratiques culturelles (succès planétaire de séries telles que Game of throne ou de sagas cinématographique comme Star Wars) mais aussi des pratiques de consommation (les smartphones, la "world food" comme les succès internationaux de la pizza, du kebab, du hamburger ou du sushi) ou des modes vestimentaires (dont le jean's est sans doute l'incarnation la plus évidente). La diffusion internationale de l'anglais comme langue universelle de communication a donné naissance au "globish" pour global english, un anglais dévoyé et appauvri par son usage par des non-anglophones de langue maternelle. 
Pour autant, on observe à l'inverse des phénomènes de résistance culturelle s'appuyant la mise en valeur des particularismes locaux. 


Apple store de Madrid

Apple store de Rio de Janeiro

C. La mondialisation en débats

En raison des problèmes posés par le processus de mondialisation, des formes de résistance et de contestation ont émergé depuis la fin des années 1990. C’est le cas en particulier du mouvement altermondialiste qui conteste le modèle capitaliste libéral et préconise une autre forme de mondialisation plus soucieuse de l’environnement et des hommes. Ce mouvement porté par une mobilisation citoyenne, des associations, des syndicats et des ONG a cependant du mal à peser sur les politiques publiques en raison du poids économique des lobbies c'est-à-dire les groupes de pression défendant les intérêts des grandes FTN. Depuis la crise financière de 2008, se développe une défiance de plus en plus vive à l’égard de la libre circulation des hommes et des marchandises qui se traduit politiquement par une montée des régimes nationalistes ou souverainistes préconisant notamment le protectionnisme. Ce fut le cas notamment en Argentine en 2011 quand le gouvernement décida d’interdire la distribution des appareils Apple dans le pays sous le prétexte qu’ils n’étaient pas assemblés en Argentine. Aujourd’hui, même les EU qui ont pourtant grandement œuvré à la mise en place du libre-échange tendent par la voix de Donald Trump vers une remise en cause totale des accords de libre-échange (contestation de l’ALENA, de l’OMC, guerre commerciale avec l’UE et la Chine). Pour d’autres raisons, des citoyens animés par une conscience écologiste orientent désormais de plus en plus leurs pratiques de consommation vers les filières courtes favorisant l’économie locale.


Exemple de produits issus de filières courtes sur un marché. La production locale devient un argument de vente. 
Pour autant, malgré ces limites, la mondialisation est aussi défendue en raison de ses impacts positifs. La division internationale du travail a permis de sortir de la pauvreté des centaines de millions de personnes notamment dans les pays émergents où est apparue une classe moyenne. Les flux d’information et les mobilités humaines créent des phénomènes de métissage et de circulation des idées facteurs de richesse culturelle. Le libre-échange en favorisant l’interdépendance économique des pays peut aussi être considéré comme un moyen de prévenir les guerres. 


II. Les acteurs de la mondialisation 

Les principaux acteurs du processus de mondialisation appartiennent au secteur privé (entreprises), mais les acteurs publics (organisations internationales, États) et les membres de la société civile jouent également un rôle crucial.

A.  Les acteurs du secteur privé : les Firmes transnationales (FTN)

Apple est un exemple de FTN. Les FTN sont des entreprises dont le Chiffre d'Affaires (CA) est d’au moins 500 millions de $ et qui réalisent plus de 25 % de leur production ou de leurs échanges avec des filiales implantées dans au moins 6 pays différents. Il y a dans le monde 80 000 FTN, elles contrôlent 800 000 filiales. C'est dans les pays développés que l'on trouve les sièges de 2/3 des multinationales : sur les 100 premières FTN, 57 sont américaines, 28 européennes et 7 japonaises (doc.4 p.101). Avec 182 milliards de dollars de chiffre d'affaires, Apple est ainsi la 15e FTN la plus importante mais c’est aussi la 1e capitalisation boursière mondiale. La présence des pays émergents, comme la Chine est cependant de plus en plus évidente (doc.15 p.97 et le cas de Petrochina). Le CA des principales FTN en font des acteurs dont le poids économique équivaut ou dépasse celui de nombreux Etats   : le CA d'Apple équivaut au PIB de la Roumanie par exemple. Leur stratégie territoriale, fondée sur la division internationale du travail, en fait des acteurs spatiaux essentiels de la mondialisation.  SCHEMA IPHONE



D'autres entreprises, les agences de notation financière principalement anglo-saxonnes, telles Moody ou Standard and Poor's, ont acquis une grande influence dans le cadre de la mondialisation. Ce sont elles en effet qui évaluent les capacités de remboursement des acteurs publics ou privés qui empruntent sur les marchés financiers. De ces notes dépendent les facilités ou difficultés de financement pour les emprunteurs.







B. Les acteurs du secteur public



Les grandes organisations internationales fondées depuis la 2eGM promeuvent le libéralisme économique. Le FMI (Fonds monétaire international) conditionne son aide financière aux pays en difficultés à la mise en application de plans d’ajustement structurels (ouverture des marchés, privatisations, réduction des subventions à certains secteurs). L'OMC cherche à libéraliser tous les types d'échanges et à régler les différends commerciaux entre les États. 

Les organisations économiques régionales promeuvent également le libéralisme, à l'image de la CEE puis de l'UE qui a mis en place un marché commun (1968) puis, à partir de 1986, travaille à la réalisation du marché unique. On trouve d'autres zones de libre-échange comme l'ALENA (Canada, Etats-Unis, Mexique), le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay, Venezuela), l'ASEAN (Asie du Sud-Est : Thaïlande, Cambodge, Indonésie, Vietnam, Philippines,...). Elles favorisent le commerce intra-régional.

Enfin, les États sont paradoxalement des acteurs centraux dans la mondialisation. Par leurs choix politiques en adhérant à l'OMC ou à des organisations économiques régionales ils ont fait le choix d'ouvrir leurs frontières aux marchandises et aux capitaux. A l'inverse, ils peuvent à l'occasion revenir à des formes de protectionnisme plus ou moins déguisées afin de protéger leurs entreprises. Les Etats mettent en place en association avec les collectivités territoriales les conditions d'une bonne insertion de leurs territoire dans les réseaux mondialisés de transports par la construction d'infrastructures telles qu'aéroports, ports,...  C’est ainsi en partie le manque d’États forts qui explique que certains PED restent à l’écart de la mondialisation. 

C. Les autres acteurs 

1. Les ONG et le monde associatif 

La campagne de Greenpeace dénonçant le "green-washing" de la communication d'Apple et l'importance de l'utilisation de matières premières dangereuses, témoigne de l'engagement d'une ONG pour une mondialisation plus éthique

Syndicats, associations de consommateurs, ONG (Organisation non gouvernementale) s’approprient donc les problématiques liées à la mondialisation, en dénonçant les impacts sociaux, économiques, écologiques de celle-ci (altermondialisme). Leur reconnaissance est croissante en tant qu’acteur international qui ne cherche pas à supplanter les États mais à agir là où il est fait défaut. Il en existe des milliers et actuellement plus de 2700 d’entre elles ont un rôle consultatif auprès de l’ONU et de ses différentes agences. 

2. Les acteurs illégaux ou en marge de la légalité

Acteurs qui se livrent à des activités légales mais parallèles ou bien carrément frauduleuses. Ces acteurs font partie intégrante de la mondialisation : les mafias qui contrôlent les réseaux de drogue, de la prostitution, de la contrefaçon... représenteraient 4 à 5 % du PIB mondial ! Comme les FTN, ces organisations criminelles font appel aux paradis fiscaux où l'on blanchit l’argent sale issu de ces trafics. Pour ce faire, ils offrent le secret bancaire (comptes anonymes), une réglementation très limitée et une fiscalité très faible. Ils refusent en général de collaborer avec la justice internationale dans la recherche et la sanction des fraudes ou des crimes. Les FTN comme Apple ont souvent recours à ces paradis fiscaux pour pratiquer quant à elle l'optimisation fiscale, légale sur le plan juridique mais contestable sur le plan éthique. D'ailleurs, Apple dont le siège social de son activité européenne où la firme est censée payée ses impôts relatifs à ses bénéfices en Europe a été condamnée en 2016 par la commission européenne à rembourser à l'Etat irlandais 13 milliards d'euros d'avantages fiscaux inéquitables. 

III. Flux, mobilités et réseaux

La mondialisation repose sur l'interdépendance des différents espaces mondiaux qui sont ainsi mis en réseaux par le biais d'une circulation toujours plus grande de tous les types de flux. Un flux désigne une circulation de produits ou de personnes. Ils sont de diverses natures et de quantité sans cesse plus importante.

A. Les flux de marchandises, de capitaux et d'informations

1. Les flux de marchandises

Voir doc. 1 p.90: L’essentiel de ces flux concerne surtout les 3 aires de puissance qui organisent autour d’eux l’espace mondial. Il faut noter la montée en puissance de l’Asie et notamment de la Chine et des autres nouveaux pays industrialisés. L’Asie représentait 10% du commerce mondial dans les années 1950 contre 30% aujourd’hui.

Quels sont les types de flux ?
-  matières premières (l'Iphone utilise par exemple de l'or, de l'argent, du brome, du lithium,...),  énergie, produits agricoles, produits à faible valeur ajoutée qui sont destinés à être transformés , en pourcentage, la part de ces produits dans le commerce diminue mais pas le volume ; le pétrole représente 1/3 de ces flux.
- produits manufacturés tels l'Iphone : ¾ des produits échangés
- commerce illicite (doc.p.33) : il s’agit des contrefaçons; des produits acheminés par circuits illégaux (cigarettes) ; enfin les produits illégaux (drogue, armes). Il s'inscrit dans la même logique géographique que les autres biens manufacturés : production dans les pays du Sud (généralement avec des Etats faibles et corrompus) et exportation vers les marchés du nord (principalement les EU et l'Europe).

2. Les flux de capitaux 

Ce sont les flux les plus importants en valeur : ils représentent 100 fois le montant des échanges de marchandises (1500 milliards $/ jour contre 18 milliards). Ces flux sont constitués d'échanges de produits boursiers (actions, dettes) et d’IDE (Investissement direct à l'étranger= investissement pour créer une entreprise à l’étranger ou en prendre le contrôle en acquérant au moins 10% de son capital). Ces flux qui se sont complètement libérés des frontières car ils s’appuient sur les progrès des TIC (permettant des transactions ultrarapides de l’ordre de la nanoseconde) et sur la dérégulation des flux (absence de contrôles étatiques dans une logique libérale) : désormais, les transactions financières sont faites en temps réel grâce à l’interconnexion des marchés financiers. 

3. Les flux d'informations 

Ils se sont beaucoup développés grâce aux nombreux progrès techniques : câbles sous marins, satellites, téléphonie sans fil, internet (TIC : Les technologies de l'information et de la communication). L'Iphone n'est pas seulement un produit manufacturé, Apple a construit autour de lui un écosystème numérique, fermé sur lui même donc autarcique, avec toute une offre de services (applications, téléchargement légal avec Itunes) générant des flux d'informations (du "data" en langage informatique).
Ces communications contribuent à l’émergence d’une culture commune mondiale dans laquelle dominent les cultures occidentales et notamment la culture américaine qui peut imposer ses idées et valeurs par le biais de médias puissants (Youtube, Netflix, Itunes) sur lesquels circulent des produits culturels également américains forgés par de grands studios hollywoodiens (Universal, Disney,...)  ou de la télévision (HBO).  

B. Les flux humains 
à Dossier p.104

1. les migrations internationales

De tous les types de circulation, ce sont les hommes qui bougent le moins : alors que les flux de marchandises, de capitaux et d'informations circulent très librement, des freins aux migrations existent partout. Selon le rapport sur la population des Nations Unies de 2015, les migrations internationales concernent 244 millions de personnes, soit 3 % de la population mondiale, qui vivent hors de leur pays de naissance. Les flux migratoires actuels, exprimés en pourcentage de la population, sont ainsi inférieurs à ceux des dernières décennies du XIXème siècle, mais en volume, ils n'ont pas cessé d'augmenter dans la seconde moitié du XXème siècle : les migrations ont triplé en 30 ans et presque toutes les régions du monde sont concernées par ce phénomène, soit par l'entrée, soit par le transit, soit par le départ. On distingue les migrations de travail (et liées au regroupement familial) et les migrations politiques.

Les facteurs des migrations sont multiples : 
- Les migrations forcées découlent d'une situation d'insécurité qu'elle soit politique, on parle alors de réfugiés : les réfugiés politiques fuient les zones de conflits (les Syriens par exemple) ou l’oppression politique (les Tibétains par exemple) tandis que les réfugiés climatiques, de plus en plus nombreux, fuient les catastrophes provoquées par le réchauffement climatique global (îles d'Océanie, Bangladesh, Philippines,...). Ces flux de réfugiés sont principalement des flux du Sud vers d'autres pays du Sud (généralement un pays voisin comme la Turquie dans le cas syrien). L'insécurité peut aussi être d'ordre économique pour les populations fuyant la misère ou l'absence de perspective professionnelle dans les pays les moins développés. C'est alors de l'émigration économique qui généralement est un flux Sud vers Nord même si les flux Sud-Sud augmentent (vers le Moyen-Orient notamment). 
- Les migrations choisies concernent principalement les flux Nord/Nord : ce sont tous les actifs s'expatriant pour des raisons professionnelles ou personnelles. Beaucoup de chercheurs et ingénieurs européens vont par exemple s'employer en Amérique du Nord. Mais cela concerne aussi les personnes très qualifiées des pays du Sud qui peuvent trouver de meilleurs conditions de travail dans les pays développés. On parle de fuite des cerveaux. 

Les principales destinations des migrations internationales sont les pays voisins. Les migrations Sud/Sud sont particulièrement importantes en raison des crises humanitaires et des guerres mais aussi en raison des différences de développement. Au final les migrations S/N ne représentent que 30% des migrations internationales et la tendance actuelle est plutôt à une fermeture des frontières.

2. Les flux humains temporaires : le tourisme international 

Selon l'Organisation Mondiale du Tourisme, le tourisme est un déplacement hors de son lieu de résidence habituel pour plus de 24 heures mais moins de 4 mois dans un but de loisir. La mobilité touristique est donc très temporaire et à différencier des migrations politiques et économiques. 
Comme pour les autres types de flux, les flux touristiques sont en augmentation et en diversification constante :
- En augmentation : 70 millions de touristes internationaux en 1960, 700 millions en 2000, plus de 1 milliard ajd. 
- En diversification, tant pour les pays d'origine que d'accueil des touristes : Parmi les 10 premiers pays accueillant le plus de touristes, on trouve désormais la Chine (3è), la Turquie, la Malaisie et le Mexique. Depuis de nombreuses années, le premier pays d'accueil est la France (environ 85 millions) suivie par les EU. Pour les pays d'origine des touristes : les touristes eux-mêmes sont encore très majoritairement des personnes venant du Nord, mais une part croissante de touristes appartenant aux classes moyennes et supérieures des pays émergents fait du tourisme : les Chinois (les 3èmes désormais en termes de dépenses et devraient être plus de 100 millions dans 10 ans), les Brésiliens...

C. Les réseaux de la mondialisation

[Rappel : Un réseau est un ensemble de nœuds/pôles reliés entre eux par des axes sur lesquels circulent des flux : matériels ou immatériels]. L'explosion des flux est liée à une mise en réseaux du monde. Aujourd'hui la mondialisation est génératrice d'inégalités territoriales en fonction de la plus ou moins forte intégration aux réseaux mondiaux de communication. 

Quels territoires sont bien intégrés ? Tous les espaces constituant des interfaces et des nœuds de communication. C'est le cas des métropoles, des zones portuaires, des frontières ouvertes (schéma espace frontalier chapitre Amérique ou schéma d'un hub aéroportuaire = voir cours sur Roissy en 1e). La qualité de l'intégration aux réseaux mondiaux n'est pas forcément matérielle. Elle peut être aussi conditionnée par des facteurs culturels : capacité à se projeter dans un espace mondial par la maîtrise des TIC, de l'anglais ou de différentes langues internationales (espagnol, arabe, portugais, français,...), liens personnels établis au sein des diasporas (communauté nationale implantée en nombre dans plusieurs pays du monde : juifs, chinois, indiens, libanais,... constituant un réseau humain). Ici, ce sont les individus les plus qualifiés, mobiles qui tirent un maximum parti des opportunités apportées par la mondialisation.

A l'inverse, la mondialisation peut être facteur d'exclusion : cas des régions enclavées ou isolées (volontairement ou non) telles les régions de montagne ou désertiques, des sociétés mal équipées ou peu formées aux TIC comme dans les PED victimes de la "fracture numérique", des régions traversées par des axes de communication mais sans raccordement (absence de gare, port, aéroport) = elles sont alors victimes d'un « effet tunnel ». C'est le cas notamment des régions rurales ou de faible densité.



Conclusion :La crise du covid-19 traduit une évidente limite de la mondialisation : l'importance des flux humains ont conduit à une diffusion extrêmement rapide du virus. Le rôle central occupé par la Chine dans la NDIT a rappelé à de nombreux pays occidentaux ayant abondamment délocalisé leurs activités industrielles la très forte dépendance de leurs chaînes d'approvisionnement et leur paralysie quand la Chine était dans l'obligation de fermer ses usines. Mais, on peut voir aussi dans cette pandémie un rappel utile à l'heure où les pays se protègent en fermant les frontières : face au virus, tous les Hommes sont également vulnérables et cette crise doit nous rappeler notre commune humanité. 


Placer les EU dans le B (les pôles de l'économique mondiale)



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